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Pour la famille

 

Avant de présenter les textes humoristiques ou remplis d'émotions qu’Oriane a écrit pour sa famille, je voudrais vous rappeler “A mes soeurs…”, petite poésie de Lorialée.

 

 

La flemme de lire le texte pour Alicia? Le besoin de réentendre la voix d'Oriane et sa théatralité? Demandez-moi et je vous en enverrai une copie.

« Merci Christmas »

 

 

 

À ma famille que j’aime,

Mon éther, mon souffle, mon oxygène,

Le sang qui pulse dans mes veines,

Le plus vaillant épouvantail de ma peine,

 

Vous êtes les battements de mon cœur,

Mon bonheur, le vaudou de ma douleur,

Avec vous, je sèche mes pleurs, mes peurs,

Et m’affranchis de toutes les horreurs

 

 

Alors … Merci d’encore croire en moi

d’n’avoir jamais baissé les bras,

de m’offrir votre toit

de me montrer la voie, de garder la foi,

et d’entendre encore le son de ma petite voix

 

 

Vous êtes ma raison de vivre,

Ma joie, mon air, mon équilibre,

D’entendre vos farces et vos éclats de rire

M’insuffle l’incroyable force de guérir

 

Vous êtes les prunelles de ma vie,

Mes yeux, mon ouïe, mon goût, ma patrie

Et d’écouter vos mélodies et vos péripéties,

Au clair de nuit, cela m’amuse et me désassombrit

 

 

Alors…Merci d’encore croire en moi

d’n’avoir jamais baissé les bras,

de m’offrir votre toit

de me montrer la voie, de garder la foi,

et d’entendre encore le son de ma petite voix

 

 

Vous êtes mes anges gardiens,

Mon maintien, mon pilier, mon airain,

La force du lien, vos caresses, vos bisous et vos câlins

M’encouragent et me font me sentir bien

 

Quand s’ouvre votre porte

Et que votre sourire me transporte

Je m’sens soudain tellement forte

Contre les démons, alors c’est la cohorte

Dehors, je vais les mettre à la porte !

 

 

Alors, ce soir j’aimerais vous dire merci,

Cessez donc de vous faire du souci,

Car tous les soirs, je m’agenouille et je prie

pour qu’elle s’en aille, bientôt elle sera partie

Merci d’être avec moi, merci de croire en moi,

de me serrer dans vos bras, de me m’offrir votre toit,

pour vous, sans cesse, je me bats

et bientôt de la maladie, j’en sonnerai fièrement le glas….

 

Merci
Faune et Flore

Faune et Flore

 

 

Je vais vous raconter l’histoire de Faune et Flore, un duo 100% bio.

Faune, le troubadour, Flore, la dame de la cour

Faune, l’ami des bêtes, Flore, l’amie des blettes,

 

 

Par un froid de poule à en avoir la chaire de canard, à l’heure où noircit la campagne, et alors que les venelles de la ville sont désertes, que le vent baye aux corneilles, que les bœufs se décornent, et que les vaches pissent, alors que la ville recouvre son épais manteau blanc et s’assoupit doucement…  Tandis que certains alors s’ennuient comme des girafes, que d’autres peignent les chiens de fusil et s’endorment comme des rats morts ou l’inverse – peu importe - , tandis que les chats chantent, que les souris rient et que les rat nia nia, Faune et Flore, le couple nature, le duo 100% bio a réuni sa cour, autour d’un géant vert, un cul de jatte épineux à qui on aurait cruellement et  sans vergogne scié les pattes, pour en faire un totem décharné autour duquel une bestiole poilue aux yeux de gremlins danse sauvagement, secouant de temps à autre les branches du maître vénéré comme pour l’invoquer (Poppy)…

 

Et puis, comme pour se consoler de leur petitesse, le troubadour, la dame et leur cour ont étalé près du dieu bringuebalant, du sapin à moignons, une petite maison de poupées, faite de bric et de braque, sans toit, ni queue, ni tête, avec un peu de carton jauni et parées de deux trois petites fèves bariolées, accompagnées d’un âne miniature qui passait par là et qui s’est arrêté pour saluer le bébé figé et s’engloutir une petite gnôle par la même occasion….

 

Mais cessons là ces jugements un peu hâtifs, ….ne doutons point du bien-fondé de ces rituels! Et concentrons-nous davantage sur les deux gourous de cette troupe de dévergondés…

 

 

Le premier des neuf manants, on l’appelle le troubadour de la troupe, le Casanova de ses dames, ET de ses messieurs (demandez-lui à l’occasion ce qu’il fait en Grèce lorsqu’il n’est pas avec sa dame…ça c’est fait !)

 

Si à ses heures perdues, il arbore son tambour pour faire valser sa dame aux yeux de velours, à ses heures gagnées le saltimbanque ne pisse pas dans le violon, non après une bonne dégustation de whisky avec sa tripotée de troubadours chevronnés, il s’improvise bébér-saxophoniste, simulant le virtuose par quelques gonflements de joues hasardeux, toujours prêt à seconder son prochain…

 

Et la plupart du temps, quand ses heures ne sont ni gagnées ni perdues, le zébulon s’empare de son accordéon, enfourche sa grosse cylindrée, et muni de sa valise en carton, d’une bouteille de Mâcon, et de son sèche-cheveux tous les matins dégainé, il parcoure les routes avinées pour rejoindre sa dulcinée, sa mie, la femme de sa vie, la dame de la cour…

 

Pour la séduire, il la conviera à un petit scrabble, jonglera entre la vêture Desigual et celle à poil,  l’enivrera ensuite  avec un petit « calis-a-péros » de derrière les fagots, bredouillant quelques belles paroles en grec et le bel Apollon la comblera enfin d’une bonne choucroute garnie ou d’une fondue magique aux vertus élastiques qui feront ronronner notre maître chanteur jusqu’au chant du coq, les jambes toujours inclinées à 60 degrés, « attention, pente dangereuse ! », pour les beaux yeux de Flore qui - même la nuit - trouve moyen de rendre hommage à son géant vert en imposant à son amant l’endormissement par le poirier … car Faune a beau douté de l’efficacité d’un pareil culte, pour ses claudettes, blondes et brunes, notre musicien ferait mille folies, il se mettrait en quatre et se plierait sur son trente et un, se saignerait aux 14 veines, et chausserait ses bottes de sept lieues pour emmener sa dame au septième ciel !

 

Quand notre troubadour, ni ne ronronne, ni n’accordéonne, celui-ci chante pour sa petite sœur qu’il connait par cœur en long en large en travers, petite sœur, ponctuant sa mélodie des savoureux bruitages de la fouine dont lui seul a le secret , car notre énergumène dans sa campagne plantureuse, entouré de ses ânes, de ses chevaux, de ses chats et de ses phacochères, parle le langage de la faune et murmure  à l’oreille de Zoé, faut pas que Poppy aille dans le salon refait à neuf…pas étonnant qu’il soit toujours gai comme un pinçon, malin comme un singe, rusé comme un renard, doux comme un agneau, ou qu’il dorme comme un loir, certains prétendent même d’ailleurs que notre drôle d’oiseau pleurerait des larmes de crocodile à la moindre émotion…

 

Pourtant malgré sa ressemblance plurielle avec ses trente million d’amis, Faune n’est jamais le dindon de la farce et s’il soigne son brush tous les matins il n’en peigne pas la girafe pour autant, faut pas « pisse-Mémé » dans les orties surtout quand elle n’a pas de culotte, d’autant plus que cela risquerait d’agacer ou de blesser, Flore, sa dame, l’amie des plantes….

 

 

Et oui, car Flore, la dame de la cour aime non seulement la faune de Môsieur mais également le monde entier. Oui, oui, personne il est méchant, personne il tue, personne il vole, personne il fait exprès, personne il est coupable, personne il est moche, bref, encore une idée saugrenue de son dieu, le géant vert…

 

Malgré le culte qu’elle voue quotidiennement à celui-ci, son dévouement ne porte pas les mêmes fruits à l’intérieur qu’à l’extérieur (faut dire qu’elle lui a scié les pattes, et que du coup, celui-ci cloitré à l’intérieur voit son champ d’action considérablement réduit) : force est de constater en effet que les champignons prolifèrent sur les murs à bien plus vive allure, que les tomates dans le jardin et la mousse dans les placards croît bien mieux que son gazon sous la pluie…. Heureusement que les mauvaises herbes se montrent reconnaissantes et recouvrent ainsi sauvagement les deux mètres carrés de cette nature à l’anglaise,

 

…d’ailleurs y’a pas que les herbes : récemment, même les aubergines sont apparues et Flore a récolté quelques prunes, si vous voyez ce que je veux dire… En même temps comment ne peut–on pas se sentir bienvenue dans ce foyer chaleureux, les fourmis, les milles pates, les araignées l’ont élu domicile de l’année, même un petit rat a trouvé le moyen d’y faire son nid, deux trois oiseaux également se sont entassés dans les conduits et la charpente…

 

Et même dans leurs ventre, Faune et Flore ont des papillons et des fourmis dans les mains, dès qu’ils se voient…. De toute façon, Faune et Flore ne supportent pas la solitude….

 

Alors, tandis que son amant le troubadour parcourt les routes rejoindre sa chérie, notre dame s’impatiente et s’emmêle les jambes dans les pattes de la bestiole aux yeux de gremlins, parcourant à son tour les escaliers en long en large en travers (oh tiens ça me rappelle quelque chose…) comme habitée par une étrange obsession, un truc à la Gilles de la Tourette, croyant toujours qu’elle se balade sur un petit chemin qui sentait la noisette, et vérifiant secrètement qu’il y a bien toujours le même nombre de marches qu’une heure auparavant…faut pas s’étonner après qu’elle soit fatiguée et que ses bâillements ressemblent bien davantage à des cris de marsupial égorgé, qu’à des bâillements normaux, parce qu’en plus ce n’est pas une maison de petit malin mais bien plus un véritable centre commercial : vous y trouverez non seulement toute une animalerie, mais également, un jardiland, une librairie garnie des derniers best-sellers encore sous plastique, un magasin de vêtements avec les étiquettes d’origine, toute une maroquinerie, un magasin de chaussures et puis toute une boutique de cadeaux divers et variés au cas où un client se pointerait à l’improviste, ah oui, ça c’est sûr que notre collectionneuse invétérée a de quoi fidéliser sa clientèle, entre les boites, les sacs, les gadgets, les appareils-photos, les échantillons, les pins et la vaisselle en tout genre… et ne vous inquiétez pas, tout est neuf, inutilisé, encore dans son emballage original, les champignons n’ont pas trouvé le moyen de s’y nicher, malgré toute l’aide et la persévérance de notre bestiole aux yeux de gremlins dont la curiosité et l’agilité étonnent… d’ailleurs si la fondue de Monsieur a des vertus élastiques, on pourrait bien en dire autant de la maison de Madame qui regorge de cachettes surprises…

 

Belle comme la rose, c’est une superbe a-nana, car si elle se plaint régulièrement de sa peau d’orange, elle arbore pourtant toujours une jolie peau de pêche et cela même quand elle a une tête grosse comme une pastèque. Et alors, quand son amant ramène sa fraise, là, c’est carrément la salade de fruit : Flore a non seulement la banane et la pêche, mais séduite, elle devient aussi rouge comme une tomate, logique aussi - après une bonne nuit de sommeil en mode poirier….

 

Enfin, notre géant vert a beau être un cul de jatte, il est quand même parvenu à doter notre dame du don d’ubiquité, ce qui explique non seulement qu’elle soit toujours partout à la fois, mais également que, quand on lui dit, « t’es un ange », elle rétorque toujours « deux, deux anges… » et chose extraordinaire, bien que haute comme trois pommes, elle arrive pourtant toujours à se plier en quatre, va comprendre, miracle mathématique… Et chose étrange, - encore un coup de notre cul de jatte en culotte courte, sans doute-, c’est qu’elle a beau être un bi-ange, descendre les marches quatre par quatre, à la six-quatre-deux, avoir les deux pieds sur terre et courir deux lièvres à la fois, elle n’a que deux mains et n’arrive presque jamais à dormir sur ses deux oreilles, bien plus souvent que d’un œil d’ailleurs…

 

Voilà donc deux énergumènes, un duo de choc qui donné le jour à une tripotée de petits gnomes en culotte courte dont nous aurons le plaisir, lors d’un prochain culte voué au cul de jatte épineux, de rencontrer…A bientôt pour la présentation des autres membres de cette folle troupe…

 

grand-mere

L’histoire d’une grand-mère ambidextre

 

 

C’est l’histoire d’un bras droit et d’une main gauche. Un extraterrestre ambidextre avec un bras droit pour aider les autres, une main gauche pour faire rire les apôtres, bien ambidextre donc, normal pour une jeannette convaincue.

 

Capable de raccommoder les chaussettes, mais incapable de s’accommoder aux maux de tête, capable d’entendre quand papi ronronne mais pas quand son sonotone sonne, si mamie maîtrise l’arrosage de ses gentianes, elle n’en maîtrise pas pour autant le temps accordé à la Raymonde et à la Viviane !

 

Et pour cause ! L’extraterrestre ambidextre adore la multitude et déteste la solitude, c’est pour ça d’ailleurs qu’on dit qu’elle est experte dans l’art de la charrette, mais pas dans celui de la poudre d’escampette.

 

Aussi coquète que caquète, si elle entraîne quotidiennement les muscles de sa langue, on ne peut pas en dire autant des muscles de sa jambe. Certes, elle maîtrise le soin de sa peau, mais pas d’insuline, celui de son taux. Faut dire que si elle taquine la sucrette, elle ne maitrise pas toujours de celle-ci, la cachette, et cherche toujours partout ses fameuses sucrettes …

 

Préférant la pâtisserie à la géographie, on a ouï dire qu’elle confondait volontiers et à plusieurs reprises sucrière et salière, résultat : carottes caramélisées et framboises salées…. Erudite, elle préfère LA livre à l’ivresse, et le coq au vin au coquetel aviné…. Elle maîtrise, du boudin noir, la dégustation, mais pas, de celui-ci, la digestion, c’est comme avec les antibiotiques, elle vomit, c’est automatique et si elle gère, du sucre, l’ingurgitation, ce n’est pas le cas de sa conservation. Du reste, elle soigne davantage la ligne de ses sourcils, que, sur son coeur, l’insigne des soucis. Aux petits soins comme aux petits fours, elle maîtrise le secret, d’aux poires, les tartelettes tout comme celui des petites billes noires et vertes, tout comme l’art du risotto et celui des haricots rigolos, (c’est-à-dire cramés selon le vocabulaire de Lorette). Elle connaît les secrets de l’infusion, mais pas celui de la distribution, en effet, elle ne simule pas quand elle se brûle les doigts, et si elle

maitrise les desserts ce n’est pas le cas de la desserte, elle fait une tarte et la sert quand les convives partent.

 

Joueuse mais noueuse, si elle excelle dans la technique des petits chevaux et du Triamino, on ne peut pas en dire autant, de sa hanche, les gros bobos. Du reste, elle maitrise bien davantage l’art ménager que celui de se ménager. Maniaque, en effet, elle est douée pour le rangement. Entre le tiroir et le vidoir, son coeur balance mais à choisir, elle préfère la benne à ordure à la boite à chaussures…Et quand papi cherche et s’étonne, mamie débranche son sonotone et marmonne :

Pas vu, pas pris…Perdu, Papi…

 

Si elle ne supporte pas la vue du noir, elle ne supporte pas non plus de nous voir nus, faut bien  s’habiller, mais pas en noir, hein… et va pas prendre froid ! Et ça sert à rien de faire mine de rien, de toute façons, elle voit toujours quand t’as mauvaise mine. Si elle déteste les messes basses, elle adore la bassecour, à sa cour on retrouvera « ma petite chatte », « ma petite ratte », « mon canard », « mon lapin »… ça va chercher loin, tout ça, et il paraîtrait même qu’il y en a certains qui seraient dorés au sucre ....Parole de diabétique !

 

Meilleure en multiplication qu’en division, elle préfère la reproduction familiale à la déglutition médicale, si en effet, elle connaît le bon compte de tous ses petits-enfants, on ne peut pas en dire autant de celui de ses médicaments! Surtout si vous lui parlez en même temps ! Meilleure en multiplication qu’en division certes, mais de toute façon, mamie, les maths, c’est pas son fort, d’ailleurs, pour son rôti, elle préfère compter avec des livres qu’avec des kilos comme tout le monde, et si elle ne compte pas comme tout le monde, elle ne parle pas non plus français comme tout le monde, d’ailleurs, faut pas s’étonner si vous entendez des drôles de trucs comme « gruère », « en tapon » ou « démamouiner »… des fois, ce sont ses origines extraterrestre de mamie ambidextre qui refont surface….

 

Alors ouai, ma mamie elle n’est pas parfaite, C’est un bras droit et une main gauche, mais c’est justement parce que c’est le plus ambidextre de tous les extraterrestres, qu’avec mon papi, c’est sans doute le meilleur et le plus dévoués de tous les êtres !

Alicia

Pour les 18 ans d'Alicia

 

 

Oyez, oyez braves gens, manants, badauds et gredins ! Gueux et gueuses, en ce jour de fête, le troubadour des alentours est venu vous raconter un conte d’antan, qui s’est transmis de père en fils, moi le dernier troubadour de cette lignée, j’ai été conviée aujourd’hui pour vous faire part de ce conte oublié, que j’ai en ma possession…!

 

Hé ho ! Ça va là !!!...Arrêtez-moi cette lorgnade collective intempestive! Vous l’avez assez contemplée, là, cessez de la regarder ainsi, vous dis-je, que diantre ! Comme si c’était une princesse, vous vous méprenez !….Moi, je connais la vraie histoire, l’histoire d’une vraie princesse comme dans les contes, une princesse fabuleuse avec tout l’attirail de l’univers fantastique dans lequel elle ondule, avec tous les accessoires, le décor, les paillettes, les personnages fantastiques le mystère et pis ….Le prince charmant !

 

C’était il y a très, très longtemps, très, très, très longtemps, dans la nuit noire, dans un canton champêtre très reculé, un lieu qui portait le nom des deux uniques génisses qui paissaient sur les hauteurs d’une bourgade, au cœur du donjon d’un vieux château qui surplombait impétueusement les collines du village…Un château fait de pierres et de bois qui craque…Dans le plus grand des secrets, la reine de Francheville de mon miraille avait enfanté le plus précieux de tous les trésors, la divine princesse Alicia, princesse aux cheveux d’ébène et à la peau d’ivoire…..

 

Sacrilège, je vous maudis…. Contemporains badins, je vous arrête là tout de suite, je vous parle là d’une princesse, d’une vierge en or, non d’un vulgaire petit bébé….Votre imagination d’aseptisés modernes vous parasite, ma parole ! Bien sûr que la belle n’est pas née de cette façon cruelle et bestiale propre au Moyen-âge où les enfants naissent dans les choux ou les champs, ce n’était pas une livraison hasardeuse, oh grand Dieu, non, je vous déjà, comment, mais sans médecin, sans aide ! Doux jésus ! Ce n’était pas non plus un bébé- cigogne. Non ! C’était un trésor, attendu, espéré. C’est pour les besoins du film encore une fois, que je transpose dans l’univers médiéval, je ne vais quand même pas vous dire que notre belle princesse est née dans une salle stérile, carrelée et aseptisée, entre une paire de gants de latex, née dans la menace encourue d’une césarienne….un peu de romantisme tout de même, ne gardez que la patina tragique, le moment ou le dénouement est à son apogée et ou le suspens ne fait que serrer les cœurs !! Moi, je me charge de vous façonner un petit Moyen-âge à ma sauce, bien épuré et bien propre, où les enfants voient le jour d’une manière magique et mystérieuse jamais révélée dans les fragments retrouvés, un Moyen-âge où les filles naissent avec de longs cheveux et une peau de porcelaine, où la chevelure ne se peigne, ni ne se lave et reste lisse et soyeuse sans usage de plaques céramiques, et notre princesse, elle était justement comme ça, elle ne passait pas des heures à la salle de bains et n’avait que faire de plaques de céramiques, elle avait des cheveux lisses naturellement, de longs cheveux noirs d’ébène qui lui dessinaient les délicieux ovales d’un visage doux et inoffensif…

 

Très jeune, déjà, la jeune fille choyée comme personne, par ses deux parents et les convives de ces derniers, elle s’enivrait des dernières conversations qu’elle écoutait discrètement, toujours éveillée, irascible d’en apprendre davantage sur le monde des dames, elle rêvait d’univers mondains, de courtisans et de courtisanes, très vite, la petite princesse avait compris que le monde des adultes comprenait des codes qu’il fallait maîtriser pour décoder le sens des conversations, alors pour se les approprier, elle se mit à dévorer les livres qu’elle piochait au hasard dans l’immense bibliothèque qui tapissait les murs de son donjon… hum hum….. Bon là aussi d’accord, j’extrapole, ce n’était pas un donjon mais un vague plancher qui faisait office de pigeonnier, et pis il n’y avait pas de bibliothèque d’ailleurs, en fait, elle se rendait à la médiathèque du village et s’emparait des dernières nouveautés suggestives… Mais c’est pour les besoins du film, vous dis-je, c’est mieux de faire comme si elle n’avait pas eu le droit de quitter le domicile, ça la rend plus mystique, plus inaccessible et foncièrement mystérieuse….

 

Bref, un jour la grande liseuse considéra avec aplomb et conviction qu’elle avait accumulé suffisamment de matériel pour poursuivre cette découverte du monde. Et malgré les conseils avisés de la reine, consciente des charmes irrésistibles de sa progéniture, elle n’en fit qu’à sa tête et jugea bon et urgent de passer à la pratique, trop investie du souci de justice et de vérité, elle voulut vérifier que les livres ne mentaient pas, œuvrant déjà ainsi pour les bienfaits de l’humanité. Désormais, elle n’avait alors qu’une seule hâte : découvrir le monde et faire ses propres expériences du monde ; et la reine et le roi eurent tôt fait de céder, ne pouvant imposer une quelconque résistance à cet être enchanteur.

 

Dès lors, elle méprisa les livres et les percepteurs rébarbatifs, et préféra le terrain, la cour, l’extérieur, la vraie vie. Alors comme toute princesse digne de ce nom, elle trébucha, fit l’expérience cumulée, dans sa bonté et sa générosité toute naturelle, du baiser crapoteux, pensant sauver quelques crapauds égarés de leur condition animale, mais à son grand dam, la belle ne rencontra pas la bête sur ce sentier battu. La plupart des bestioles, en effet, ne se métamorphosèrent pas en prince et continuèrent de croasser douloureusement….Les livres avaient donc menti. … Lassée de tels expériences crapoteuses, euh capoteuses, il lui tardait par ailleurs, de rejoindre sa famille et ses amis qu’elle aimait et dont elle ne pouvait se passer bien longtemps…Tant pis, le prince charmant n’était peut-être qu’un mensonge de plus véhiculés par ces piètres recueils. Dès lors, elle enfourcha son cheval et rejoignit les belles hauteurs du village ….Bon, d’accord, ce n’était pas vraiment un cheval à dire vrai, c’était plutôt un cul de jatte, voire une jatte de cul de cheval, enfin juste un bout d’arrière-train, quoi, une queue de cheval hasardeuse qu’elle faisait et défaisait à sa guise, mais celle-ci lui permettait un certain aérodynamisme et ainsi, grâce à ces astuces capillaires et sa grâce naturelle, elle détourna sans s’en rendre compte la route d’un beau et grand cavalier sur son étalon noir, ou l’homme et qui dérobera son cœur, voire qui…dérobinera son cœur…..Car si la princesse avait des astuces de l’amour minois, lui en avait maîtrisait les tuyaux.

 

Mais l’inconnu saurait- il pour autant réaliser l’improbable, l’impossible, à savoir réconcilier la Princesse de la Châtelaine avec le support papier qu’elle n’avait plus guère vu autrement que de la matière première pour la cheminée, préférant l’économie complexe des touches à plusieurs lettres….

 

Hephephep !, vous allez trop vite, là attendez, prenez le temps de le regarder notre prince charmant, le bel éphèbe sur son étalon fougueux, la clé de voute du conte, l’homme sur les épaules duquel reposent certes les moult sacs de m’selle princesse, mais pas seulement ! LA PREUVE que les contes ne disent pas des bêtises, la justification même de même de mon métier !!! Moi, troubadour, je lui dois tout !!! Ah le modeste et beau cavalier aux épaules de joutier chevronné, l’homme ténébreux avec son regard de braise, pas surprenant que l’un de ses petits clins d’œil canin, qu’un seul battement de poil soyeux ait suffit à la convaincre,…. Tout droit sorti des contes, le BG… Ah mais, minute papillon, vous le connaissez d’ailleurs, méprenez-vous, il a bercé votre enfance, sauf que la fin du conte ne vous est pas parvenue, moi, en revanche, je peux me vanter d’être en possession justement d’une partie du fragment final….Vous, vous devez juste connaître la piètre étape transitoire, avec la Marianne et son amie, la dinde en culotte courte, mais, depuis Robin des Bois a bien changé, il est tombé amoureux et a révélé au grand jour ses origines princières : Binbin Prince de Sherwood….Et pourtant, croyez-moi si vous le voulez, on prétend qu’il continuerait dans son dévouement démesuré, de rendre l’argent prélevé des impôts aux pauvres….A bon entendeur !

 

Dès lors, Binbin de Sherwood et Alicia sillonnèrent les routes afin qu’elle puisse faire l’honneur à sa famille de ces dernières trouvailles, la reine et le roi avant même de découvrir le bel âtre l’avaient enserré dans son cœur. La jeune fille était comblée, sa famille, ses amis et son prince allaient pouvaient enfin être réunis. C’est ainsi que plus jamais ni les uns ni les autres ne se quittèrent….Quoi que, je vous dirai bien quelque secret….Souvent quand la famille s’endort que la nuit noire engouffre les derniers reliefs apparents dans épais manteau, Binbin le brave homme, s’empare de son étalon, parcourt des contrées exotiques, à la recherche des dernières créations culinaires, nourrissant ainsi sa belle des meilleurs patates salées et de la viande la plus subtile, finement préparés par des druides étrangers et du pain le plus tendre qui soit, arrosant ces festoyades d’un étrange breuvage noir bulleux….

 

Bref, j’imagine que le conte s’achève par « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais ça,… vous connaissez la chanson, hein : « comme le roi et la reine ne veulent pas, personne ne le saura….. »

 

Petit portrait d'un papi pas comme les autres

 

Note: Ceci est la version qu'Oriane m'avait soumise pour que je lui dise ce que j'en pensais. Je n'ai pas la version finale.

 

Mon papi n’est pas un papi comme les autres. Parfois, il fait des trucs bizarres. Qu’il pleuve comme vache qui pisse, qu’il vente à décorner les bœufs, qu’il neige ou qu’il fasse une chaleur à faire suer les porcs, mon papi prend toujours le soin de mettre, sous sa chemise, un justaucorps de la couleur de son slip kangourou, comme les danseuses. Moi, je sais pourquoi, c’est parce qu’en fait, mon papi, il est coquet. Il va même régulièrement chez le coiffeur alors qu’il n’a plus de cheveux et toujours chez le même, pour ne pas risquer de rater sa coupe. Il fait d’autres trucs bizarres, il va chercher sa glace et son vin aux toilettes, il met sa main gauche devant sa main droite quand il y a du monde pour se frayer un chemin. Des fois, aussi, il se met devant la fenêtre, se balance d’une jambe à l’autre, et les bras pendants, il agite ses mains, sifflote et marmonne quelques présages météorologiques. Il est marrant, mon papi. Je ne sais pas si ce sont des présages ou s’il n’a pas véritablement la science infuse, parce que quand on regarde « question pour un champion », il connaît toutes les réponses avant les candidats. Et puis, quand le téléphone sonne, il sait toujours qui c’est : « Madame Benoit ! » s’écrit-il.

 

En tous les cas, s’il n’est pas devin, il est avant-gardiste. Des fois, il fabrique même ses propres inventions. La plus connue, c’est le sonotone organique instantané : Avec ses mains, il forme un entonnoir ouvert autour de son oreille comme une parabole afin d’optimiser la réception des ondes. En quelques années, mon papi, il est passé d’amateur radio à acheteur sur EBay. Internet, c’est du pipi de chat pour lui, il y regarde la météo, guette les promos et compare les offres, regarde ses comptes, imprime son courrier, papote avec des collectionneurs du monde entier, recherches des infos, consulte son courrier. Il a même installé Skype pour communiquer avec sa famille internationale. D’ailleurs, quand on se voit, on prend toujours le temps, lui et moi, de comparer nos ordinateurs derniers cris. Enfin, mon papi, lui, ce n’est pas toujours dernier cri, parce qu’il ne se fait pas avoir. Il est bien trop malin, il compare les prix, il fait des pronostics et achète des trucs d’occas ‘. C’est le roi des bonnes affaires. Faut dire que c’est un grand collectionneur. Alors, il a plutôt intérêt. Mon papi, il collectionne tout, il collectionne les pièces de Franche-Comté, les affiches publicitaires qui portent son nom, les appareils-photos avec lesquels il a travaillé, les cendriers dans lesquels il a éteint ses cigarettes et puis, il collectionne les données aussi. Par exemple avec sa machine à gagner des voyages, il enregistre toutes les courses. Pas un code barre ne s’en sort indemne, à moins que mamie ne soit passée par là. Si ma mamie elle jette tout, mon papi lui il conserve tout. Faut dire que mon papi, ce n’est pas n’importe qui. C’est la mémoire. Oui, oui, il collectionne tout pour ne rien perdre du passé, d’ailleurs aucune mairie ne lui a résisté quand il s’est mis à la généalogie. C’est pour ça qu’il sait tout, il connaît tout, une vraie encyclopédie.

 

Et quand l’histoire de Franche-Comté commence à l’ennuyer, il se met à dévorer sa revue « L’Histoire » ou un Christian Jacq, sur le canapé, frottant, dans ses chaussettes, le gros orteil contre le majeur. Comme si la Franche-Comté ne suffisait pas, il lui faut aussi connaître l’Egypte. Parfois, il lui arrive de s’assoupir. Faut dire qu’il a l’habitude de mettre des films qu’il a déjà vus une dizaine de fois, alors il peut se le permettre, puisqu’il connaît déjà le dénouement. En plus, c’est souvent la fin dont il ne se souvient plus. Et comme mon papi n’est pas comme les autres, il se réveille toujours pile avant la fin. Parce que c’est un devin. C’est évident.

 

Enfin, ce n’est pas tout à fait vrai, il ne s’endort pas tout le temps. Il est trop curieux. Quand il ne connaît pas, il ne s’endort pas. Par exemple, pour « plus belle la vie », il est toujours à l’affût. Il ne manque aucun épisode, ni aucune réplique. D’ailleurs, malgré le taux de mortalité élevé de cette série, mon papi est capable, à n’importe quel moment, de vous expliquer toutes les constellations des personnages. De toute façon, quand il ne sait pas quelque chose, il prend ses jambes à son cou, ses clics et ses clacs ou le taureau par les cornes et va s’inscrire à la faculté pour suivre des conférences super compliquées sur l’astronomie. Comme si l’Egypte ne suffisait pas, il lui faut aussi connaître le ciel. C’est peut-être pour ça qu’il voulait être pilote de ligne. Mon papi c’est un conquérant. Il en a l’étoffe. En plus d’être curieux, il est droit, juste et obstiné. Persévérant, il va toujours au bout de ses objectifs. C’est pour ça qu’il marche plus vite que tout le monde. Enfin, la dernière fois, il voulait marcher plus vite que tout le monde et il est tombé. Et là,  je peux vous dire, mon papi, il a beau avoir la connaissance d’un papi, il a l’esprit d’un enfant, il m’a traité de « rapporteuse », oui oui, parfaitement, de rapporteuse parce que mamie l’a enguirlandé en découvrant les tâches de sang sur sa chemise toute propre, lui reprochant de s’être encore cassé la margoulette. Moi, je sais que s’il tombe, c’est parce qu’il veut aller plus vite que la musique, plus vite que l’éclair. Mon Papi, c’est un peu Superman dans le corps de Panoramix.

 

Mon papi, il n’a pas le temps. C’est pour ça qu’il est toujours en avance. Pourtant, des fois, il l’arrête ! Il arrête le temps. Comme ça. Arbitrairement. Comme bon lui semble. D’ailleurs, il dit toujours qu’il a 20 ans. Pourtant, quand je veux tester ses aptitudes cognitives avec le jeu de la Nintendo du cerveau, il refuse prétendant qu’il connaît déjà le résultat et que la machine lui donnera 132 ans de cerveau. Faut pas exagérer ! Mais bon, il est devin alors c’est possible. Du reste, il n’oublie jamais le temps, tous les calendriers sont toujours à jour. Le calendrier des pompiers dans les toilettes et le calendrier à la boule en bois. D’ailleurs, notre défi secret à nous, petits-enfants, consistait à mettre une croix avant lui. Mais mon papi, il est trop rapide, la croix était toujours là avant nous. Et puis, il n’oublie jamais un seul anniversaire. Ni même une fête. C’est sans doute parce que sa fête, c’est la Saint « Parfait ». 

 

Mon papi, il est vraiment parfait, il ferait tout pour sa famille. Il la défend jusqu’au bout, la soutient de toutes les façons possibles. Et s’il est parfois discret, c’est parce qu’il enregistre toutes les infos. Il écoute les problèmes des gens, analyse et aussitôt la machine à trouver des solutions se met en marche. C’est comme la machine à gagner des voyages. C’est magique. Il esquisse des plans dans sa tête pour améliorer les choses et rendre les gens heureux. Par exemple, quand mamie et moi, nous évoquions la solitude de maman, Papi construisait déjà la première agence matrimoniale virtuelle familiale avec comme premier client, le type du resto de la poste. Et puis, quand j’ai été mutée à Lure, il a tout de suite imprimé la page internet de la commune pour faire d’un lieu inconnu, un lieu un peu moins inconnu. Et c’est lui qui, l’air de rien, pense toujours aux « tableaux d’honneurs », aux « petits écoliers », au « ketchup » et aux « Kinder Bueno » quand il va faire les courses, c’est aussi lui qui organise les balades suisses arrosées au jus de pomme qui pique, qui nous attend devant la Véga, et qui nous enseigne l’art de l’apéritif avec les « petits belins ». C’est lui qui est toujours prêt à nous emmener à nos examens, à enregistrer une émission si on lui demande ou à répondre à nos questions de français, d’histoire ou autre. Non seulement, il soutient sa famille mais il l’a défend. Une vraie louve, ce papi. Je dirais même l’âme d’un hippocampe. Je me souviens, une fois, il a failli entamer une procédure judiciaire parce que les deux gros bergers allemands d’un petit-suisse avaient répondu à mes gentilles caresses enfantines en me mordillant sauvagement la cuisse. Mais face à mon françouillard de papi-superman, le petit-suisse est resté tout mou et le procès n’a pas eu lieu.

 

Mon Papi, c’est un papi aimant et dévoué qui offre des fleurs à ma Mamie, qui lui fait plein de cadeaux et qui se réjouit toujours de voir ses petits-enfants. Moi je le sais, je l’ai vu dans ses yeux : il a les yeux qui pétillent ! Sa famille, c’est sa plus grande fierté et il nous le rend bien, mon papi-superman !

 

Alors si, à ton tour, tu veux lui faire plaisir, c’est du gâteau ! Voici la recette : Tu prends une mamielette, cinq enfants bien faits, auxquels tu rajoutes 11 petits-enfants et deux arrières pas trop mûrs, tu mets tout ça dans une jatte, tu rajoutes 80 bisous près de l’oreille (faut ce qu’il faut, on n’a pas tous les jours 20 ans), 3 bananes Haribo, quelques réglisses enroulés, une bière sans alcool et un verre de vin avec. Tu mélanges bien, tu rajoutes un cran de chocolat côte d’or qui fond tout seul, un pot de glace rhum-raisin, six Werther original et une cassette vidéo à enregistrer. Tu recouvres le tout du petit Dauphiné, (si vous n’avez pas, le télé-sept-jour fera l’affaire) et tu laisses reposer le temps d’un Derrick. Pour le reste, sois imaginatif, évite simplement les tomates crues, le bruit pendant les infos, le chewing-gum du ruminant et le coup de fil pendant plus belle la vie et ça fera un escargot tout chaud, euh... un papi tout ravi !

 

Voilà un petit portrait pour te dire, mon  petit papimuzooo, qu’on t’aime tous très fort !

 

Yoyo

 

 

Papi

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