top of page

/Son portrait

/Sa vie

Jan. 1984

/Préface

Je m'appelle Virginie Rolland.

 

Oriane Rolland, ma soeur de 2 ans ma cadette, s’est donnée la mort à 31 ans, le 28 Janvier 2015, après une bataille effrénée de 3 ans contre l’anorexie-boulimie. Elle n'était pas seulement ma soeur, elle était surtout ma confidente, ma meilleure amie, ma psy, ma coach, ma complice en tout crime.

 

Oriane était magique, courageuse, talentueuse en biens des domaines, pleine de ressources. Elle était un être si exceptionnel, plein de vie, d’humour et d’amour, d’une écoute sans égale, qu’il était facile de l’aimer pour quiconque la rencontrait. Et pourtant, elle ne croyait pas en elle, ni en ses qualités, ni en ses talents.

 

Alors, pour moi, il est important de la faire connaître car ses talents méritent d'être reconnus au-delà de sa sphère Facebook… mais pas seulement… J'espère que faire connaître son parcours non seulement lui rendra hommage mais peut-être aussi aidera d’autres filles à éviter son calvaire, à en sortir, ou à casser quelques tabous pour aider l’entourage de ces filles à mieux comprendre cette maladie complexe aux multiples causes et multiples facettes qu’est l’anorexie. L’anorexie est trop souvent perçue comme le piège vicieux des top-models et autres professions comme celle des ballerines pour lesquelles l’apparence “parfaite” se veut maigre. Isabelle Caro a eu raison de dénoncer cet aspect avec des photos choc. Mais je pense que c’est ignorer toute une population féminine qui a inconsciemment choisi leur corps comme outil de contrôle pour retrouver un sentiment de sécurité perdu, sans avoir nécessairement voulu se conformer a des idéaux malsains de maigreur. Trop de choses sont tues et elles-mêmes parce qu’elles ont honte, parce qu’elles se sentent coupables de tout, parce qu’elles ont une peur maladive de perdre l’amour de ceux qui leur sont chers taisent 90% (ce chiffre n’est que le reflet de mon ressenti et n’est basé sur aucune étude clinique) de ce qu’elles ont sur le coeur. Elles ne veulent pas nous inquiéter et ne partagent donc pas la moitié de leurs angoisses et celles qu’elles racontent sont minimisées. Par exemple, au lieu d’avouer “tous les soirs, je réfléchis a la meilleure manière de me suicider et je me documente pour parfaire ma technique”, elles diront “il m’est arrivé d’avoir des idées noires”. Leur ennemi numéro un, c’est pas la nourriture, c’est la colère. Elles ont tellement peur de faire souffrir qu’elles préfèrent ravaler leur colère. Cette peur incontrôlable de faire souffrir et de perdre les êtres aimés est tellement violente qu’elles vont les inonder d’amour. Si elles tentent d’exprimer leur mécontentement, soit elles reviendront sur ce qu’elles ont dit et elles s’en voudront, soit pas et elles s’en voudront tout autant si c’est pas plus... elles iront jusqu'à s’en punir. L’entourage ne comprend pas forcement parce que parfois, elles peuvent avoir des mots méchants peut-être même injustifiés mais rappelez-vous que leur sensibilité est exacerbée et parfois irrationnelle.

 

 

Ici, j'ai crée un site pour lui rendre hommage. Vous pourrez y trouver ses écrits et son art, et puis un portrait avec quelques lignes sur sa vie, parsemées de mes souvenirs. J'ai aussi inclu sur cette page des sections plus spécifiques:

​

ne me rappelle pas comment je lui ai fait ça, contrairement à la fois, entre 1987 et 1991, où je ne voulais pas qu'on me dérange dans ma chambre et que Yoyo forçait ma porte. Poussée à bout de nerfs, j'ai balancé ma clé, attachée à un fil de laine, et elle a atteri sur le crâne de Yoyo; heureusement, ça ne l'a pas envoyé à l'hôpital. En parlant de porte forcée et de vacances entre soeurs à Corrençon, cette année-là ou une autre, Yoyo et moi avions enfermée Sésé dans le coin chambre du studio. Furieuse, elle a fichu un coup de pied dans la porte vitrée qui a volé en éclats. Les grands-parents n'étaient pas très contents de découvrir notre exploit à leur retour, mais personne n'a été blessée. Quoiqu'il en soit, ​Yoyo ne pouvait pas faire de ski, mais avec Sésé, elles se sont tentées à la construction d'un igloo. Et comme si ce bain de soleil dans la neige n'était pas suffisant, car comme disait mamie, Corrençon, c'est pour prendre le soleil et des couleurs, nous recevions un petit pécule nous invitant à marcher jusqu'au village où Yoyo dépensait en bonbons. Tous ces bonbons (pas plus que son pouce) ne la punissaient pas, alors que je souffrais le martyre avec un appareil orthodontique. Toutefois, nous savourions toutes les trois notre petit carré de chocolat chaque soir devant la télévision.

​

Commençant à penser aux garçons, nous nous faisons des paris stupides du genre action ou vérité, des jeux de cartes, et autres questionnaires d' adolescentes vous prédisant votre avenir amoureux. Un avenir qui bien sûr ne se réalisait souvent pas. Mais les mois suivants ne sont pas pour autant dénués de béguins et nous ajoutons un jeu stupide à notre sélection... celui de composer un numéro gratuit au hasard depuis une cabine téléphonique... un temps où les téléphones portables ne faisaient pas partie du quotidien, encore moins de celui des mineurs. On faisait ça à plusieurs pendant les vacances d'été à La Norma, et il était difficile de garder son sérieux. Il fallait faire attention de ne pas maintenir l'appel trop longtemps pour ne pas se faire repérer. En attendant ces cabines téléphoniques nous offraient un repère idéal pendant les périodes pluvieuses. Nous passions le temps à converser, à passer ces coups de fil bidons, à graver des initiales ou des petits messages (y compris d'amour) dans le bois de l'abri. Pour compléter notre gamme d'idioties, avec les copains-copines, nous créions une chaîne en nous tenant les mains et les personnes situées aux extrêmités touchent alors la clôture électrique du champs des chevaux pour une petite électrocution en groupe. Bizarrement, ça nous faisait bien marrer. Ces ados, pas un pour rattrapper l'autre! Mais nous participions aussi à des activités moins bêtes et moisn risquées et tout aussi divertissantes comme la pâte à sel, le flipper, le babyfoot, le ping-pong, le trampoline, ou le trottin'herbe. Le trotti-quoi? Le trottin'herbe est une trottinette avec de gros pneus jaunes avec lesquelles on monte une colline par tire-fesses pour mieux la dévaler. Nous avons consommer beaucoup de remontées, et Yoyo tout particulièrement. C'était aussi une année à rollers en ligne et le village organisait des tournois de street-hockey. Au travers de tous ces jeux, nous avions fait plein de nouvelles connaissances, de France, de Hollande, et d'Italie, en plus de retrouver les ami(e)s de l'été précédent. Sander, l'un des hollandais (qui ne parlait que deux mots de français) voulait sortir avec Yoyo mais elle a refusé. Son charme et sa bonne humeur continue à faire tomber les mouches - mouche, entre parenthèses, était le petit surnom dont Papa nous affublait tous les trois lorsque nous le collions plutôt que d'explorer notre environnement. Au final, l'une des mouches aura su séduire Yoyo qui ne lui résista qu'une ou deux journées avant de succomber au premier méli-mélo de langues "râpeuses" (oui, râpeuse est exactement le terme que Yoyo avait employé) contre le gré des parents qui la trouvaient encore trop jeune pour ce genre de contact. Pour le coup, je n'étais plus jalouse, j'avais enfin trouvé chaussure à mon pied au bras d'un guitariste en rollers qui nous appelaient les "pisseuses" (pas glamour mais suffisant pour attirer l'attention). Par contre, celles de Yoyo étaient démolies, et Papa lui en a offert une nouvelle paire qu'elle a pu étrenner lors de balades en famille dans la Vanoise. Cet été, nous avons aussi mis les pieds dans la maison penchée, un blockaus abandonné tout tagué à l'intérieur et qui vous déboussole par son inclinaison.

 

Le mois précédent, les vacances maternelles s'étaient déroulées à Ste Maxime avec au programme bain de soleil sur la plage, exercise physique avec pédalos sur la mer ou badmington à la résidence (combien de volants avons-nous perdu sur le balcons d'appartement voisins inoccupés?), réconfort avec crème glacée du soir au melon (le fruit préféré de Yoyo) ou `la saveur fantaisie (marrons, stracciatella, etc.) pour les autres, petits tours de marché pour un vêtement, un bracelet porte-bonheur, ou un portrait caricaturé au fusain...

​

Après l'été, je quitte le collège pour commencer le lycée alors que Yoyo reste au collège pour sa 3ème année et elle accueille Sésé en 6ème. Yoyo ne pourra as éviter l'anglais plus longtemps. L'année de la 4ème est l'année de la 2ème langue étrangère vivante et l'anglais est obligatoire. 

Pourquoi Oriane, la tête dans les Étoiles? Parce qu'Oriane rêvait éveillée. Elle était souvent dans son monde et on la décrivait comme étant dans la Lune ou sur son petit nuage. Cette rêvasserie l'a souvent conduite à l'étourderie. En classe un peu, mais surtout au quotidien. Elle perdait et oubliait souvent. Bien sûr, c'est embêtant quand c'est le sac à dos rempli d'affaires d'école, de ses clés et de son porte-monnaie qu'elle oubliait dans le bus. Mais c'était drôle quand il s'agissait des lunettes qu'elle avait encore sur la tête! Non moins divertissant pour le spectateur, mais un peu douloureux pour elle, c'est quand elle se cognait dans les vitres. Elle repartait en sifflotant l'air de rien.  Entre sa myopie et la tête ailleurs, elle s'est perdue plus d'une fois. Petite, il lui est arrivé de prendre la main de parfaits inconnus pensant que c'était papa ou maman. Oriane était vraiment du genre la tête en l'air avec un imaginaire incroyable et débordant... à commencer par la copine imaginaire qui la protégeait des hommes invisibles qui venaient lui rendre visite pendant la nuit. À l'école, elle ne cherchait pas toujours la compagnie de copines. En effet, pendant les récréations, elle parlait aux arbres.

​

Le malheureux qualificatif qu'Oriane a dû traîner avec elle comme un boulet, c'est celui de casse-tout, inspirant moins confiance que casse-cou. Bien qu'elle cassait (ou perdait) ses lunettes fréquemment, elle ne cassait pas beaucoup plus que nous, il me semble. Enfin, si, elle se cassait elle... le poignet, la jambe (et puis la tête à ce que tout le monde soit content). Allez savoir pourquoi, elle aimait les plâtres et les béquilles. À côté de ça, Oriane, quand elle était petite, elle voulait tout réparer et avait en tête qu'elle serait garagiste. Je me souviens d'un épisode où elle injectait de l'eau avec une seringue à une feuille morte pour lui redonner vie.

​

Mais ce pourquoi Oriane restera inoubliable, c'est pour son art de faire rire. Un vrai bout en train, un clown, un pitre. Elle faisait rire tout le monde, par ses histoires abracadabrantes et pourtant bien réelles. Il lui arrivait toujours quelque chose et elle avait le don du récit détaillé qui ne vous ennuie jamais. Le récit était accompagné de jeux de mains, de mimiques faciales très expressives et d'intonations pas piqués des vers. Elle était d'ailleurs douée pour les imitations soit de personnes réelles, soit de répliques de film. On avait droit à du "champion du monde", "je ne te jette pas la pierre, Pierre", "un pola(r) Jacques enfin", "la glace?", "j'ai perdu ma bÂgue", "mais où j'ai mis le beurre? mais où j'ai mis le frigo" 

En plus des répliques, elle avait une collection d'expressions; certaines étaient tirées de ces répliques, d'autres étaient réelles telles que "suer comme un porc" ou "s'ennuyer comme un rat mort". Enfin, il y avait des tirades de chansons, comme la magnifique Mexico de Luis Mariano. Elle chantait Mexiiiiiiico en se pinçant et tirant la peau du cou pour la secouer de gauche à droite et de droite à gauche énergiquement pour recréer et renforcer le trémolo original.

​

Si Mexico était pour s'amuser (c'était devenu comme un code que l'on exécutait à trois), elle chantait d'autres chansons pour elle. Elle chantait tout le temps. Au pire, elle fredonnait. Dans la salle de bain. Dans sa chambre. Bon, c'était pas toujours juste, mais c'était gai. Pour moi, le plus drôle, c'était les paroles qu'elle réinventait et qui n'avait aucun sens, juste des séries de sons, tant pour les chansons en anglais et allemand que pour les chansons en français! Elle aimait la musique, c'est certain. Ses premiers coups de coeur étaient pour le punk avec des groupes comme Weezer. Et puis, ses horizons se sont élargis et elle appréciait Brian Adams et Jim Morrison, et le rock de Placebo à Incubus. Elle s'est ouverte à la musique classique. Vers la fin, elle voulait mieux connaître le jazz. Enfin, sans avoir jamais pris de cours, elle s'est essayée au piano (enfin au synthétiseur) mais s'est perfectionnée à l'harmonica. Bien qu'elle n'ait jamais émis l'espoir de devenir une rock star, elle montait de faux groupes de musique pour rigoler. Par exemple, on en avait fait un lors de nos vacances d'été à La Norma une année avec des copines. On avait même inventé une chanson rasta que Célia chantait. Dans la période de transition à Paris, juste avant son premier grand voyage en Allemagne, elle avait réitéré avec de toutes nouvelles connaissances.

​

Physiquement, Oriane était une belle fille avec de grands yeux et une dentition parfaite contrairement à ses soeurs et ce malgré la consommation de bonbons. Alors que Sésé et moi arborions une bouche métallique (me valant des surnoms dont j'aurais pu me passer), Oriane affichait un gigantesque sourire à tomber. Plus d'une personne l'a comparée à Julia Roberts. D'ailleurs, en plus de cette grande bouche (plus pulpeuse que celle de Julia, toutefois), elle avait cette veine en travers du front qui gonflait quand elle se mettait en colère. Vestimentairement, elle se cachait dans d’amples sweat-shirts et négligeait l’usage du peigne au grand damne de notre grand-mère, mais usait de la casquette et des bonnets. Son allure lui valait des remarques désobligeantes de garçon manqué. Pourtant, son charme ne passait pas inaperçu et elle les faisait tous fondre. J'avoue que je la jalousais. Qu'elle l'eût voulu ou non, elle attirait les garçons de son âge comme les plus âgés, y compris ceux sur lesquels j'avais jeté mon dévolu. Autre particularité, elle ne marchait jamais sans chaussettes, mais pas n'importe quelles chaussettes... toujours des chaussettes dépareillées. Elle n’aimait pas ses pieds surtout à cause de l’orteil majeur qui recherchait trop la compagnie de ses pairs. Ses doigts palmés (enfin juste entre le majeur et l'annulaire de la main droite) l'embêtaient car sa bague de fiançaille paraissait toujours qu'à moitié enfilée. Elle n'aimait pas non plus sa poitrine qu'elle aurait désiré moins opulente. Et puis, elle avait la démarche plutôt nonchalante. Mais petit à petit, elle s’est féminisée. Les robes et les jupes, elle a toujours detesté et n’en a porté que pour des mariages ou pour reconcquérir Chris (son fiancé) quand elle le sentait plus distant. Mais elle s’était mise aux boucles d’oreille fantaisie et colorées, aux bagues pour se donner de l’assurance, puis au maquillage. Ses vêtements sont devenus également plus colorés, plus féminins sans pour autant nécessairement souligner ses courbes. D’un carré traditionnel avec frange droite, elle s’est également plus tard essayé à plusieurs types de coiffures, en faisant d'abord tomber la frange, puis en variant la forme, les longueurs et les couleurs. Certains la comparaient alors à un papillon sortant de sa chrysalide.

/Des souvenirs en vrac

**Oriane et les animaux**

​

Yoyo aimait les animaux en général quoiqu'elle s'en désintéressait aussi parfois. Aussi loin que je me souvienne, son premier animal de compagnie à elle fut un hamster qu'elle avait nommé Canaille. Elle ne le savait pas encore, mais, ce hamster étaiten effet une canaille qui vous mordait les doigts sans raison. Aussi trognon qu'il était dans sa cage, il n'a jamais vraiment été un compagnon, sinon pour tuer le silence. Ça, c'était quelque part entre 1987 et 1991. Pendant cette même période, nous avions des perruches dont la cage était accrochée sous l'escalier faisant face au court couloir entre la cuisine et le salon. Je ne me rappelle pas qu'elle ait beaucoup intéragi avec ces piplettes. Nous avions aussi deux chats: Toupie, un gros matou roux, et Speedy, une femelle grise plus grignette. Ces deux-là, quand ils daignaient passer du temps à la maison, je crois que Yoyo jouaient bien avec eux sinon les câlinaient.

​

Après le divorce, le nombre d'animaux domestiques a doublé. Papa a gardé Toupie et Speedy et les perruches jusqu'à ce qu'il déménage à Ste Foy. Les chats sont alors restés dans le lotissement, mais il a emporté les perruches avec lui. Maman, quant à elle, ne pouvant se passer de chats, en a adopté un, Ginie (prononcé Djini) qui a fini par disparaître. Et puis, nous avons eu Ginfiz (aucune idée de son orthographe), tout bébé, mais il a fini par mourir d'une maladie. Maman avait peut-être la main verte, mais nous les histoires félines furent plutôt tragique. Toutefois, nous n'en étions pas restés là, et tandis que je maintenais un mini-aquarium de petits poissons dont la vue me reposait, Yoyo et Sésé avaient tenté d'élever une grenouille (et peut-être bien une tortue aussi, il me semble) qu'elles avaient attrapée lors d'un pique-nique le long d'une rivière. La pauvre, elle a pas fait long feu. Trop d'eau, caillou trop petit pour atteindre la surface.

​

Encore des déménagements et encore des animaux. Jamais de chien cela dit. Papa part habiter à la cure où il se retrouve avec le minimum (et encore) pour vivre mais s'arrange pour nous offrir un rat noir et blanc avec une cage. Au départ, nous étions toutes les trois excitées par ce petit rat que nous avons affublé de plusieurs noms avant de nous décider une bonne fois pour toute pour Mistigri. Un petit rat affectueux dont les testicules étaient si grosses qu'elles traînaient par terre. Malheureusement, les rats et les chats ne s'entendent pas très bien et maman se porte mieux sans voir de rat, donc Mistigri s'est retrouvé quelque peu cloîtré dans ma chambre. Plus tard, quand Papa vit à Chaponost, bien que ce ne fût pas les siens, des petits chatons de la propriétaire nous divertissaient beaucoup, y compris Yoyo. Maman, elle, achète une maison à Ste Foy centre et construit son petit zoo: de nouvelles perruches, un nouveau chat, et un nouveau poisson. Les chats, un coup le nôtre, un coup celui du voisinage. On recommence une série. Donc c'est établi, Yoyo aimait les chats... tant et si bien que quand elle s'est installée à Belfort, elle a adopté une petite chatte (de sa copine Astrid), Poppy, qu'elle décrivait comme souffrant d'un trouble obsessionnel de l'hygiène, à passer du temps aux toilettes. Elle aimait les titiller et jouer avec eux. Les griffures ne la gênaient pas. Mais elle les câlinait aussi, y compris dans son lit.

​

Quant aux animaux sauvages, c'est une autre histoire. Exposée aux mêmes expériences que moi (les marmotes à la montagne, les balades à cheval, etc.), je ne suis pas sûre qu'elle les appréciait autant. Toutefois, deux de ces romans mettent en scène des animaux sauvages: une renarde et une colombe. Dans les deux cas, elle en prend grand soin. Une chose est sûre, elle détestait les insectes et autres arthropodes. Les mouches la faisaient enrager. Elles ne les supportaient pas et moins elles réussissaient à les chasser, plus elle s'énervait. Les taons dont nous avons été les victimes n'ont vraiment été un problème qu'à Chaponost autour de la piscine. Ensuite, nous avons les guêpes qui soit l'émerveillaient, soit la terrifiaient. Si les guêpes s'approchaient trop d'elle, elle s'immobilisait et hurlait à l'aide. Faut dire qu'elle avait fait l'expérience d'une de leurs piqûres au niveau du coup en faisant de la balançoire chez les grands-parents et le remède au vinaigre de mamie a peut-être apaisé la douleur mais n'a pas effacé le trauma. Pourquoi émerveillement alors? Eh bien, quand il nous arrivait de manger une tranche de jambon dans le jardinet, les guêpes arrivaient comme des mouches et venaient se servir sans permission, se découpant des petits bouts et s'envolant avec leurs butins. Première réaction: elle s'immobilise et crie. Mais, étant paralysée, elle n'a pas d'autre choix que d'observer et la magie opère. Enfin, comme beaucoup, elle n'était pas fan des araignées et encore moins des millepattes. Si l'un ou l'autre décidait de passer la nuit en sa compagnie, elle demandait l'asile dans ma chambre ou celle de Sésé. Hors de question de les chasser à coup de savate, quoique parfois l'aspirateur pouvait faire l'affaire.

**Oriane et ses petites manies**

​

J'ai toujours connu Yoyo sucer son pouce quand elle est trop fatiguée. Pas d'âge pour se faire du bien, se consoler, se réconforter. Mais je me souviens aussi de la surprendre, toute petite, sucer la poignée de sa porte de chambre pour son goût froid et métallique. Étrange. En plus des bonbons, son pouce aurait pu déformer sa dentition, mais non pas du tout. Comme je le disais, une dentition parfaite sans orthondotie... du moins jusqu'à ce que l'anxiété la fasse grincer des dents la nuit.

​

Autres petites manies... Elle se rongeaient les ongles et les petites peaux autour. Elle se grattait les croûtes des jambes jusqu'à les faire resaigner. Elle prenait le malin petit plaisir (et elle est loin d'être la seule avec ce petit pêché) de se gratter légèrement la tête et de se secouer le cheveu pour en faire tomber les pellicules sur ses bouquins ou notes de cours quand les révisions s'allongeaient trop longtemps et que la concentration devenait difficile. Mais le truc unique, qui restera dans la mémoire de tous ceux qui la connaissaient bien, c'est qu'elle se tirait "les fils" des yeux. "Ben quoi, elle répondait, vous en avez pas des fils vous? Moi, j'en ai tout le temps". Se frotter ler yeux crée de l'humeur qu'elle retirait habilement en un long fil qui de temps à autre lui donnait la sensation de faire rouler l'orbite occulaire. Honnêtement, je sais de quoi elle parle. Il m'est arrivé d'avoir de l'humeur dans les yeux, ce voile désagréable qui vous fait voir trouble. Mais sa production humorale était incomparable quoique non-maladive.

**Pêle-mêle de ses préférences**

​

Yoyo aimait le déodorant Bourgeois et uniquement en spray. Elle avait peut-être changer dans les dernières années de marque mais c'était toujours en aérosol. Son parfum de prédilection: Calvin Klein, ck one, le blanc.

​

Son premier amour télévisuel: Alec, héro de la série "L'étalon Noir". Je crois même me souvenir qu'elle avait embrassé l'écran! Plus tard, nous aurons Cal du Boys Band, les World's Apart. Elle ne voyageait jamais sans sa photo, une carte provenant d'un magazine qu'elle avait ensuite faire encadrer.

1983

Oriane est née le 11 Octobre 1983 (2 ans et 4 jours après moi, 2 ans 1 mois et 2 jours avant Séverine), à l'hôpital de Sainte Foy-lès-Lyon. Sa naissance déjà était unique car elle avait décidé de présenter ses fesses (faisant ainsi partie du riquiqui 3% des bébés mis au monde), obligeant maman à accoucher par le siège, ce qui fut pourtant plus facile que de me donner naissance, moi qui avait plongé tête la première, suivant bien les règles.

​

Contrairement à Séverine et à moi, elle n’a pas reçu de troisième, ni de deuxième prénom. En cela était-elle donc aussi déjà unique. À 2 ans, prononcer “Oriane” correctement était impensable pour moi et naturellement, c’est le 

​petit surnom de Yoyo dont je l’ai affublée et qui resta dans la famille toute sa vie… celui-là ou sa variante “la Yotte”. Je n’avais alors pas conscience de l’existence du jouet du même nom, ce jouet qui va et vient sous le contrôle de l’index et du poignet, et auquel nous jouerions plus tard. Puisque nous y sommes, et pour ne pas irriter Séverine qui n’aime son prénom au complet, je me permettrai de parler de nous comme Nini, Yoyo, et Sésé… oui, tous des surnoms faits de la répétition d’une syllabe.

1984-7

Jusqu’en 1987, nous avons vécu dans un appartement (deux en fait) de la résidence Les Grillons, à Francheville-le-Bas. Yoyo et moi partagions la même chambre, le même lit parfois… sauf pendant la sieste (elle avait la chambre tandis que je me laissais bercer par le ronron du frigidaire du cagibi). J'étais trop petite pour vraiment avoir des souvenirs vivides de cette période. Mais ces mots sont un hommage à ma soeur, au travers de ma lorgnette.

1987

En 1987 donc, nous avons emménagé dans une maison que les parents venaient d’acheter, au 12 allée des griottes, toujours à Francheville… vraiment pas loin en fait, juste de l’autre côté du chemin de Chantegrillet… une maison à deux étages dans un lotissement tout neuf. Yoyo avait la chambre juste à gauche en haut des escaliers, une chambre avec balcon qui donne sur l'intérieur du lotissement. Je me souviens qu’il y avait un arbre (un marronnier peut-être) qui tendait ses branches comme pour qu’on le touche depuis le balcon de Yoyo. Nous avions alors un chat Toupie rejoint plus tard par Speedy. Yoyo avait aussi un hamster (voir Des souvenirs en vrac).

​Dans le lotissement, nous avions plusieurs voisins avec des enfants. Il y avait les Bouchard juste à gauche avec leur fille Karine, ma meilleure amie; les Coets avec trois filles bien plus âgées que nous; un couple de personnes âgées; une famille avec une fille unique qui martyrisait les chats en les faisant tourner par la queue au-dessus de sa tête comme un lasso; les Merciers avec leurs trois filles Laurane, Marion, et Camille; le gamin Jean-François; les Schullers avec leurs deux garçons dont Aurélien, et leur plus jeune Laëtitia; les Garcias et leurs deux ou trois garçons dont Adrien; des voisins dont je ne me souviens pas grand-chose; et enfin les Drevon avec leurs enfants Laurence et Frédéric. Yoyo était amie avec tout le monde. Toutefois, tandis que Sésé et moi jouions avec des voisins de notre âge, Yoyo semblait avait voir une relation plus spéciale avec Laurane qui était plus âgée de peut-être 4 ans. Elles faisaient les artistes ensemble. 

1988

Pas de souvenirs particuliers pour l'année 1988.

1989

Yoyo me rejoint à l'école primaire du Châter. Quand elle n'est pas avec Céline Cashéras (la soeur de ma copine Maud), elle s'occupe seule dans son monde imaginaire. Par exemple, elle parlait aux arbres. Son monde imaginaire était assez prolifique et s'étendait jusque dans ses amitiés et ses peurs. Yoyo racontait avoir peur des fantômes mais aussi de trois hommes mal-intentionnés qui la terrifiaient la nuit. Elle disait avoir aussi une amie imaginaire qui la protégeait.

1990

Tandis que j'enchaînais danse classique et danse moderne comme activités extra-scolaires au centre aéré de Francheville-le-haut, Yoyo faisait de la gymnastique au complexe sportif de Francheville, là où Monsieur Cascalès, notre instituteur d'éducation sportive à l'école nous faisait faire des courses d'endurance à en baver. Il cherchait toujours à pousser nos limites alors nous, dans son dos, on l'appelait Monsieur Cacafesse pour nous venger de son régime militaire avec nous. Quand nous ne défoulions pas à la gym ou à la danse, nous allions à la piscine municipale avec Karine, nous jouions aux Playmobils crééant des maisons, des scènes, des sorties ski avec télésièges, etc., nous regardions la télé, notamment Belle & Sébastien, mais surtout l'incontournable Petite

Maison dans la Prairie dans l'après-midi, et Madame et Servie le soir en famille. Enfin, dans mon tout premier journal, je note que nous jouions au "lit sautant" mais je ne suis pas sûre de me souvenir en quoi ça consistait... certainement et simplement qu'on sautait sur les lits (la si la sol, on sautait sur les lits, la si la sol fa mi). Je note aussi que toutes les trois, nous faisions les folles dans mon lit. Cette année-là, Yoyo fête ses 7 ans en invitant Julie et Estelle à la maison pour un goûter d'anniversaire. Plus tard, Yoyo écrit une histoire, un mini-conte, son tout premier peut-être... à moins que ce ne fut qu'un simple recopiage (comme je crois c'était arrivé avec le conte de Gulliver et les lilliputiens); je n'en ai malheureusement pas de trace.

1990

Un samedi vers midi, les parents nous réunissent au salon, non pas pour nous offrir une virée spéciale à McDonald's mais pour une annonce dévastatrice, celle de leur séparation présentée comme temporaire. Bientôt il y a un "chez maman" et un "chez papa". Papa garde la maison, Maman prend un appartement dans le nouvel immeuble juste à côté du lotissement. Une semaine chez l'un, une semaine chez l'autre. Chaque fois qu'on retourne pour la semaine chez maman, il y a quelque chose de nouveau comme un bureau, un tapis, ou même un chat (Ginie) ou un petit poisson. Parfois, Yoyo et moi prenons un bain ensemble, d'autres fois, on coiffe nos poupées ou on se fait une tente avec des sacs de couchage dans la salle à manger. Nous prenons le repas des

1991

beaux jours sur le balcon. Maman nous emmène camper. Au camping, on se fait une copine mais nous ne nous éloignons jamais trop de notre emplacement. Cette année-là ou la suivante, Sésé et Yoyo jouent au voleur et au policier se chassant à travers l'appartement et autour de la table basse où Sésé trébuche et se fracasse le menton sur le cendrier de la table basse (Maman fumait à cette époque, des Gauloises). Le sang ne tarde pas à dégouliner. Oriane identifie la source comme étant le nez et conseille Sésé de pencher la tête en arrière et de garder un peu de papier humide pressé autour de son nez, mais le sang ne s'arrête pas de se déverser et bizarrement tache à peine le papier mouillé. Je détecte le menton pisseur, installe Sésé sur une chaise longue et tente d'épancher la plaie. Yoyo reste avec Sésé tandis que j'appelle à la rescousse. Au final, Sésé recevra quelques points de suture aux urgences et on a une histoire à sensation à raconter. Yoyo et Sésé jouaient pas mal ensemble et trouvaient toujours des idées souvent de leur âge comme habiller les poupées, mais parfois un peu dangereuses comme de jouer avec des allumettes.

On multiplie les pique-niques sur des plages de galets le long de rivières à tétards d'où Sésé récupère une grenouille qu'elle veut domestiquer. Et Maman lui achète même un bocal dans lequel la pauvre grenouille finira par se noyer. Maman travaille en soirée alors nous cumulons les séries télés: Hélène et les garçons, Premiers baisers, Madame est servie, La petite maison dans la prairie, Une famille en Or, Papa Schultz, Turbo, Video Gags, et La nuit des Héros... et puis il y avait les séries qui nous faisaient peur mais qu'on ne pouvait s'empêcher de regarder quand même, l'une était une émission de trucs paranormaux horribles, genre sang qui suintent des murs, et l'autre était X files. Cette année-là, Yoyo commence la poterie, activitié qu'elle partage avec ma copine

1992

Karine. Je ne me souviens plus quelle année, mais Yoyo a fait des bols, des assiettes, des cendriers, des vases, etc. Certaines de ses poteries étaient des cadeaux d'anniversaire pour Sésé, moi ou maman, ou pour la fête des mères. Pour la fête des mères 1992, Yoyo a offert à maman une espèce de broche qui consistait en une épingle à nourrice à laquelle pendaient d'autres épingles à nourrice sur lesquelles elle avait enfilé des perles. Quand nous n'étions pas chez maman, nous passions la semaine chez papa, sauf une semaine de Mai pendant laquelle Papa avait emmené Yoyo en voyage en Allemagne, marquant certainement le début de son amour pour ce pays. Sinon, certains jours ainsi que pendant certaines vacances, nous allions chez les grands-parents. Parfois, Yoyo et moi prenions le bain ensemble et nous jouions avec des gobelets en plastique, genre Tupperware. Nous avions un plateau séparateur que nous utilisions comme un bar entre nous deux. En fin d'année, Novembre, le divorce des parents fut prononcé, mais Papa passait régulièrement à l'appart et prenait l'apéro avec maman. De là, on dira avec fierté que qu'ils ont échoué dans leur mariage, mais réussi leur divorce. Même si nous n'étions pas les premiers enfants de parents divorcés, ça n'était pas non plus monnaie courante. Juste l'année d'avant, Patrick Braoudé sortait "Génial, mes parents divorcent!" pour dédramatiser et casser les tabous sur ce sujet. Sésé, Yoyo et moi avons adoré ce film et l'avons dévoré plus d'une fois, au grand désespoir de notre grand-mère qui n'y voyait rien de positif. Enfin, ous passons nos premières vacances d'été à Ste Maxime. Yoyo a la chance de bronzer facilement.

Les changements continuent. Papa vend la maison des griottes, déménage dans un appartement à Ste Foy-lès-Lyon, et retourne à la fac pour poursuivre un cursus médecine où il rencontre Catherine. Maman entame une nouvelle relation amoureuse et achète une maison de village quasi-centenaire à deux étages mais dont elle fait retaper le grenier pour que nous ayons une chambre chacune. Nous emménageons en Novembre, et Yoyo choisit la chambre la plus spacieuse, installant son lit sur un podium, à environ un mètre du sol. Elle garde les lits superposés de l'appartement et par conséquent, Sésé et moi passons de nombreuses nuits dans la chambre de Yoyo. Certaines nuits, je leur lis un passage d'un gros livre de contes. Nous passons de la semaine alternée au

format plus classique d'un week-end sur deux plus la moitié des vacances. Moins classique, nous allons tous les mardi-mercredi chez nos grand-parents, alternant entre les maternels et les paternels. Chez les uns, nous jouons dans le grenier ou dans le jardin et nous apprenons à faire des chouchous à la machine à couture. Nous créons des tartelettes farfelues. Chez les autres, nous faisons des scrabble ou des mots fléchés. Le soir, nous prenons peur. Nous entendons des bruits; Yoyo y est particulièrement sensible. Mamie nous explique que c'est sûrement sa tante qui se manifeste. Elle vivait dans la partie Est du premier.

1993

1994

Fin de l'école primaire, et entrée au collège. Yoyo me rejoint au collège du Plan du Loup, le nouveau collège construit derrière les bâtiments à façades métalliques bleues. Pour ne pas fire comme la grande soeur, Yoyo choisit Allemand comme première langue étrangère. Bien sûr nous apprécions que les grands-parents nous amènent et viennent nous rechercher en fin de journée, mais nous avions honte. Nous n'avions pas honte des grands-parents, mais de la voiture, surtout de la Mercedes. Nous ne voulions pas être associée à de la richesse. Nous avions honte de l'argent. 1994 est aussi l'année de la première communion d'Oriane qui a hérité de la rove que je portais pour ma première communion. Pour le coup, recycler les mêmes fringues entre soeurs, ça ne

pouvait pas nous faire honte. Néanmoins, ce n'est pas pour autant que Yoyo devait sauter de joie àl'idée de passer toute une journée dans cette robe parce qu'elle était anti-robe! Donc pas honte du recyclé et pas honte non plus de nos tenues de sport flashy, de nos caleçons (que l'on appelle des leggins de nos jours) à motifs ridicules, quoique pas plus ridicules que ceux de nos pulls camionneurs!

1995

Deuxième année de collège ensemble. Bien que nous ayons nos cercles respectifs d'ami(e)s, des frères nous lient. Les frères Lostys, une longue histoire qui se terminera avant d'avoir commencé. À la maison, ce sont les jumeaux d'à côté qui font l'objet de nos conversations entre Yoyo et moi, ou les frères Marton au fond de l'allée entre Yoyo et Sésé. À la télé, c'est Alec avec son étalon noir. Yoyo en était fan. Mais entre soeurs, nous regardions le miracle de l'amour, que nous aimions moins qu'Hélène et les garçons mais fallait bien qu'on se regarde des petites histoires d'amour. Pour continuer sur le thème de l'amour, pendant les vacances de Février qui se trouvèrent coïncider avec la Saint Valentin, nous étions avec les grands-parents à Corrençon. Le 17, nous

nous sommes promenés le long du GR jusqu'au Clariant où nous avons fait une petite pause boissons (et peut-être bien crêpes). Le temps de la pause et la météo avait tourné. Il pleuvait quand nous en sommes sortis. Yoyo et moi avons couru le plus vite possible... soit-disant pour laisser papi et mamie en amoureux <3 ... Pendant ces vacances d'hiver, nous avons eu la chance d'avoir assez de neige pour faire des courses de luges ou comme nous l'appelions, de la luge-tamponneuse sur la colline de l'autre côté de notre immeuble. Nous également pu prendre quelques cours de ski de fond, avec le même prof que l'année passée (Enzo peut-être), et des élèves adultes un peu trop lents à notre goût. Nous rentrions soit avec la navette, soit par un chemin hors-piste mais loin de la route qui traversait le village pour déboucher juste au niveau de notre immeuble. C'était ma 2ème année de ski de fond, mais c'était peut-être la 1ère pour Yoyo qui faisait auparavant du ski alpin. Elle avalait alors les pentes sans crainte et tout schuss, accumulant les étoiles alors que je n'ai jamais dépassé le flocon. En plus du ski et de la luge, nous avions notre petit pélerinage quotidien jusqu'au bureau de tabac du village où nous dépensions nos maigres sous en bonbons, magazines d'ado, ou peut-être faisions-nous encore la collection des vignettes autocollantes pour les albums Panini, genre la collection Les Crados quelques années plus tôt.

​

En dehors de Corrençon, la nouvelle activité extra-scolaire de Yoyo est le ping-pong. Lors de notre deuxième été à La Norma, le ping-pong fut une des activités auxquelles nous participions si ce n'était pas le volley. Et s'il pleuvait ou en soirée, nous allions à la salle de jeux pour des parties de flippers, babyfoot, et billard. Nous y avions retrouvé nos amis résidents de la station comme Arthur et Clémentine Godfroy, enfants des proprios du restaurant Le Cabri, Lionel Colly, fils de la boulangère, Jérémy et Joan Calabuig, fils de la crêpière, et puis les saisonniers réguliers comme Sophie Gallet. Ensemble (quoique sans Sésé parce qu'elle était encore trop jeune), nous avons fait partie de l'un de nos meilleurs souvenirs, petite expérience d'indépendance, un camping entre copains-copines à l'écart du village dans la montagne. Grillade de saucisses à bouts de bâtons au-dessus d'un feu de camp, rigolades, petites histoires d'horreur pour nous mettre dans le bain d'une blague bien réussie. Quelques uns avaient caché un magnéto dans le toit de la plateforme du télésiège à quelques pas de notre campement et le magnéto diffusait des bruits à nous donner la chair de poule, mais certains d'entre nous, y compris Yoyo il me semble, courageux étaient aller explorer en direction de la source du bruit. La nuit fut à la belle étoiles, pour certains un peu trop proche du feu, pour d'autres emmitouflés à deux dans le même sac de couchage. Au petit matin, débarbouillage dans la cascade pas trop loin du campement avant que les parents viennent nous chercher. Cet été, et puis par la suite aussi, elle avait un sacré succès ma petite soeur. Lionel Colly, que je convoitais, voulait sortir avec Yoyo, mais d'autres (Arthur, Joan, et Fabien) lui couraient aussi après.  Elle les a tous envoyés paître tandis que je ramais dans la choucroute. J’etais si jalouse, mais elle n'était pas prête... bien compréhensible à même pas 12 ans.

1996

Encore une fois, la majorité des souvenirs se concentre sur les périodes de vacances. D'abord celles de Février qui démarrent avec un marathon de visionage de Grease jusqu'à plus soif. Il y avait des films comme ça qu'on se retapait tellement que nous connaissions de longues tirades par coeur. Les chansons en revanche, nous avions pour habitude de nous contenter d'une vague imitation phonétique. Ensuite, bien sûr, Corrençon qui par chance nous accueille avec de la neige et nous nous y lançons à coeur joie dès le premier jour. Sésé et moi nous inscrivons au ski de fond mais la pauvre Yoyo est condamnée avec son doigt en atèle. Habituellement, elle se blesse toute seule, pour le plaisir d'avoir un plâtre ou des béquilles, mais là non, j'avoue c'était de ma faute.  

passée, Yoyo était fan de Cal des Wolrd’s Apart, mais également des 3T et des frères Hanson. Elle avait  un béguin plus réel pour le voisin du fond, Thomas Marton. En plus de dessiner régulièrement, elle avait commencé son premier roman, le jeune garçon, tandis que je me contentais d'écrire dans un journal intime Diddl qu'elle m'avait ramené d’Allemagne. 


Si les relations sont un peu tendues avec papa et Catherine cette année, à Ste Maxime, Yoyo se trouve victime d’un malheureux évènement insultant avec notre beau-père, mais les vacances continuent avec nos petites habitudes de plage, de piscine, de marché, de glace, etc. Je lui fais aussi un bracelet brésilien sur sa demande. À La Norma, c'est rebelotte ping-ping, trottin'herbe, street hockey, flippers, et billards, mais aussi jeux du monde , notamment l'awalé (un jeu d'origine ivoirienne) auquel nous adorions jouer. Yoyo refuse les avances d'Arthur mais accepte celle d'Adrien. À Lyon, nous dormons dans la chambre de l’une et l’autre plus de nuits que nous ne dormons dans nos chambres respectives. À l’exception d’une fois où un mille-pattes l'a fait fuir, c’est surtout pour parler au lit pendant des heures. Parfois, on se promet de faire une nuit blanche mais on finit toujours par s’endormir. Nous regardons des répliques de peintures et je prétends que nous savons alors reconnaître un Dali, un Van Gogh, un Picasso, un Monet et un Cézanne. Yoyo peut-être, mais moi, c'est moins sûr. En vacances à La Norma, Yoyo m’appelle Cunégonde alors que plus tôt, nous avions décidé toutes les trois que dorénavant nous serions VOS pour nos initiales mais aussi pour Version Originale Sous-titrée, plutôt que les 3 Mousquetaires ou les Dalton comme certains nous décrivaient.

 

Après être allée deux semaines en Allemagne au printemps (d'où elle nous avait ramenés plein de cadeaux et des idées de jeux de cartes), sa correspondante allemande, Steffi Predikant, vient vivre chez nous à l'automne. À son grand bonheur, elle se retrouve le pied dans le plâtre avec les béquilles, mais du coup plus de tennis pendant deux mois. On s’aide à réviser pour nos contrôles, mais on fait aussi nos devoirs dans la même chambre. Elle fait ton stage à la bibliothèque municipale de Ste Foy d’où elle me ramène de vieux magazines Rock & Folk avec des articles sur Oasis ou Blur. Pour les vacances de Noël, on va à Corrençon avec Sylvain et là encore, on parle jusqu’à plus soif, réinventant le monde… On attendait juste que Papi se mette à ronfler, le signe que les festivités linguales pouvaient commencer. Sylvain faisaient des ombres chinoises au mur. Et on dévalait les pentes enneigées à la luge (cette année encore, interdite de ski de fond) ou inventait des chorégraphies à la patinoire. 

1997

Yoyo se moquait de moi à surnommer mon 2ème petit copain 100% matière grasse, tandis que mes camarades de classe l’appelaient six-sous. Nous passions nos samedis matins devant le Hit Machine, les fins d’aprèm devant Melrose Place, Fame, Sous le soleil, ou E=M6, à moins d’être avec Papi et Mamie qui nous faisaient regarder Inspecteur Derick même si ça ne manquait jamais de les endormir. Souvent, nous faisions nos sessions télé, avachies sur le tapis dans la chambre de maman pour ne pas déranger. Quand on n’est pas devant la télé, on joue au badminton dans la rue, et combien de fois avons-nous perdu le volant en le lançant trop fort pour qu’il atterrisse sur un toit? On se fait aussi pas mal de balades vers le parc du chemin des fonts. Depuis l'année

1998

L'année commence avec son premier cours de dessin (à Tassin la demi-lune je crois), une cadeau de NoËl peut-être, et ce sera tous les mercredis. Elle adore tant qu'elle s'achète son premier chevalier pour sa chambre. Elle s'approvisionne également régulièrement en feuilles de dessin au bureau de tabac. Elle cumule les oeuvres, certaines au fusain, les autres au pastel. Elle participe à une exposition à son école de dessin. Nous étions tous venus et bien que nous étions tous énervés que le personnel aient si mal mis en valeur tes dessins, il me semble me rappeler qu'elle avait obtenu un prix.

​

Comme à nos habitudes, nous révisons ensemble et on s'interroge les unes les autres, questions d'histoire à Yoyo, dictée à Sésé... surtout que cette année, c'est brevet des collèges pour Yoyo et bac de français pour moi, et nous réussissons toutes les deux. Pour ma fête de fin d'année, Yoyo m'aide à choisir mes vêtements. Elle aimait beaucoup faire des défilés dans le couloir et m'emmener dans les magasins pour me faire essayer de nouvelles fringues, me relooker. Quant à elle, Yoyo était dans une période à sweat-shirts et son magasin préféré était sûrement Go Sport. Un mois plus tard, je l'accompagne au lycée pour s'inscrire et louer ses livres pour la seconde. Elle me rejoint au lycée St Just (Lyon 5) à la rentrée.

 

Les films qu'on se visionne en boucle cette année sont Roméo et Juliette (en partie pour Sésé qui était fan de DiCaprio, mais aussi pour la romance bien sûr) et Trainspotting.

​

Vacances, également comme à l'habitude, se déroulent à Corrençon en Février mais cette fois enfin, nous pouvons toutes nous adonner au ski de fond. Pas de jalouses. Même Yoyo qui bien que douée en ski alpin, s'est convertie au ski de fond pour des journées de folie avec Sésé et moi... Au programme: des cours, mais aussi des hors-pistes, des courses sur les genoux, des traversées de village, ou des bilans contenant des figures qui n'existent pas mais dont les noms abracadabrants, comme par exemple le stoop-out, devaient nous faire paraître moins coincées aux yeux des cools skieurs de descente et snowboarders qui partageaient notre navette... Quand les températures remontent, nous profitons de la piscine des grands-parents paternels. C'est encore une année à badmington avec des coups toujours aussi mal placés envoyant le volant sur le toit des voisins.

​

À nouveau, Yoyo se fait un voyage de deux semaines en Allemagne au printemps et quand elle revient, nous parlons jusqu'à plus soif et renouvelons nos jeux de cartes avant de tomber comme des pierres dans le sommeil. Elle y retourne avec Papa pour une mini-semaine avant les grandes vacances qui comme chaque année, maintenant, se passeront à La Norma avec Papa et Catherine. Yoyo, comme dans le Miel et les Abeilles, continue à attirer un essaim de garçons autour d'elle y compris Fabien et Jérémy. Quand elle ne dessine pas à côté de moi lisant dans l'herbe, qu'elle ne travaille pas sur son passeport avec Sésé, elle dompte son cerf-volant avec Jérémy (qui lui a même dessiné un pied nommé "Super-Pied") et dans sa bulle, elle perd la notion du temps, ne rentrant qu'après que nous avons fini de dîner. Ensemble, nous passons pas du temps à papoter à la crêperie (taverne de Jérémy), aux cabines téléphoniques, aux télésièges, ou au tuf (le coin des barbecues), mais nous jouons aussi au volley ou usons les rollers. Une fois, nous avons fait une balade en famille, et Yoyo avait tracé tout le long, comme mue par une énergie intergalactique; nous étions tous exténués sauf elle.

​

Après La Norma, les vacances à Ste Maxime avec Maman. Même résidence, mais dans un appartement un peu délabré. Les journées sont rythmées entre piscine à la résidence, plage, glace du soir, shopping à une braderie, soirée moules-frites au restaurant du clocher, et visites des alentours (Gorge du Verdon, village de Castellane, village provençal de Grimaud, et petit train des Pignes autour de Ste Maxime). À la braderie, Yoyo se fait plaisir avec une chemise à glissière, bonnet, et planche de surf en pendentif, avant de perdre 100 Fr qu'elle retrouvera plus tard. N'ayant aucune honte, nous prenons régulièrement un malin plaisir à gêner maman en faisant les imbéciles au supermarché. Sur l'autoroute en Lyon et la mer, nous ajoutons à notre arsenal une autre activité dont maman se passerait bien: nous écrivons des messages sur des feuilles blanches que nous plaquons contre les vitres de la voiture pour attirer l'attention des autres voyageurs. Elle a beau dire, ça nous a valu plusieurs sourires; je suis sûre que les embouteillages ont paru moins pénibles de ce fait. Pour passer le temps, nous comptions aussi les voitures par département ou pays.

​

En Septembre, Yoyo se retrouve avec un nouveau bureau. Comme disait mon prof de Maths, Mr. Pascal, les bons outils font les bons élèves. Lors d'un tour entre nous au vieux St Jean, elle s'achète un bonnet de coton à rayures rouges et blanches, un bracelet peace and love, et des bonbons y compris quelques réglisses dont elle me fait cadeau. Je l'emmène au lycée pour nous informer de la date de la rentrée. J'en profite pur lui faire une visite guidée complète: l'entrée du funiculaire, les Sept Frères, le bureau de tabac plein à craquer tous les lundis matins, la rue qui mène à la montée de Choulans, la place Abbé La Rue, le petit Just, et puis au lycée: les toilettes (et oui, c'est important), le petit parc avec vue sur Lyon, le gymnase , la salle de permanence, le bureau de la conseillère d'orientation, le CDI, la boîte à chèques, la salle vidéo, la salle des contrôles, l'escalier de bois, le bloc scientifique, le self, et l'infirmerie. Elle rencontre le directeur, Mr. Narcy. Au retour, alors que nous attendons le bus, un rollerman un peu trop téméraire manque se faire écraser mais le conducteur d'un bus appelle de suite une ambulance.

 

Yoyo et moi parlons de longues heures, y compris de nos expériences désagréables et du dégoût que nous inspire notre beau-père. La faute à pas-de-chance, Yoyo se retrouve souvent coincée dans la salle de bain quand les disputes démarrent, et en bon témoin involontaire nous rapporte les nouvelles. Parfois, au lieu de parler, je fais la lecture à mes soeurs. Autrefois, c'était des contes, mais nos lectures évoluent et comprennent des textes comme l'Herbe Bleue, étrange choix? Peut-être, mais on s'invente aussi des histoires bizarres. Nous considérons toutes les trois qu'un fantôme bienfaisant vit dans la maison. Nous l'appelons Wilson. Alors d'accord, Yoyo a toujours de drôles de peurs et de ressentis concernant les fantômes, mais là nous étions toutes les trois en accord, peut-être pour contrecarrer les phénomènes paranormaux qui nous faisaient dresser les poils au garde-à-vous. Quoiqu'il en soit, nous poursuivions les nuits chez les unes et les autres, pour la simple compagnie, pour vider notre sac, pour raconter nos derniers potins amoureux, pour nous remonter le moral, ou pour échapper à un vilan mille-pattes.

​

C'est enfin la rentrée. Yoyo stresse alors je l'accompagne mais quand la dernière heure sonne enfin, elle est enchantée de sa première journée. De là, on va au lycée ensemble. On joue à faire les moches ou les déséquilibrées mentales dans le bus pour que les inconnus nous fichent la paix. On écoute de la musique (Placebo, Kent, Blur) en se partageant les écouteurs alors qu'on marche de l'arrêt de bus au lycée, chantant en coeur. On se retrouve aussi régulièrement au moment des récréations. Nous sommes presqu'inséparables et mes camarades de classe deviennent ses amis, y compris Pierre avec qui elle partage l'amour du dessin. Elle se réinscrit d'ailleurs en cours de dessin et sa correspondante allemande revient faire un séjour chez nous.

​

Enfin, comme nous en avons jamais assez de Corrençon, aussitôt Noël célebré, nous y retournons avec notre cousin Sylvain par le train jusqu'à Grenoble d'où Papi nous récupère. Ski de fond et patins à glace, comme d'habitude. Alors que Sylvain s'essaie aux patins de hockey, Yoyo et moi inventons une chorégraphie à deux, avec des tours, des demi-tours, des enchaînements de jeux de pieds. On se tient les mains et face à face, on se fait des demi-tours, des pas lents synchro côte à côte, des arabesques et puis un tour sur nous-même pour le grand bouquet final. Mais le truc en plus de ce séjour... nous étions toutes excitées que Sylvain de prête à nos jeux de carte d'ados énamourés.

1999

Yoyo s'intègre impeccablement dans mon cercle d'amis et camarades de classe et se trouve un faible pour l'un d'eux. Elle est leur égale. Je récupérais même des biens que je leur avais prêtés par l'intermédiaire de Yoyo et elle prenait des cours de dessin avec mon ex.  D'ailleurs, à la fin de l'année, elle expose et remporte le 1er prix! Les voisins la complimentent aussi régulièrement, admiratifs. Je jalouse son aise et ses talents, et une rivalité amoureuse s'installe. Cela dit, j'en pinçais toujours pour un ancien lycéen de manière obsessive, et Yoyo avait concocté pour moi une interview bidon. Se faisant passer pour une animatrice radio intéressée par les goûts musicaux des jeunes, elle a posé ses questions par téléphone. Elle avait vraiment assuré sur ce

coup-là. Et puis nous restions quasi-inséparables: nous continuions à dormir dans la chambre de l'une ou l'autre, nous bouquinions ensemble dans le pré d'à-côté, nous faisions du shopping à la Part-Dieu ou Rue de la Ré... mais parfois mon comportement trop moral et maternel poussait Yoyo à l'indépendance.

​

Les habitudes rythment l'année de manière assez prévisible: Corrençon, séjour en Allemagne, correspondante allemande chez nous, et vacances à La Norma.

Nous profitons moins des vacances d'hiver à Corrençon et pour cause: Sésé et Yoyo sont malades et la pluie nous limite aux activités intérieures. Pas de ski, mais tout du même du patin; nous blaguons même avec le personnel qui commence à nous connaître un peu. Remise du virus, elle passe avec moi une après-midi à faire du shopping dans la rue pédestre de la Ré, avant de partir et s'amuser en Allemagne. À l'époque, ses lettres sont remplies de fautes d'orthographe et je m'inquiétais pour son bac, mais elle en a fait du chemin parce qu'au final, elle exerçait la plume et le pinceau avec autant de talent. Plus tard, c'est une nouvelle correspondante, Nina, qui reste quelques jours chez nous. 

À La Norma, Yoyo est tellement sociable qu'elle se lie d'amitié avec deux gars de 10 ans ses aînés. Elle passe du temps avec eux à refaire le monde, pendant que Papa refait le carrelage de la salle de bain du studio. Elle se muscle aussi les bras avec son cerf-volant qu'elle déploie chaque fois que le vent pointe son nez. Il ne s'agissait pas de la prendre au défi d'un bras de fer, elle gagnait presque systématiquement.

​

Les changements au programme:

1. Des petites vacances en Avril avec les grands-parents paternels qui ont commencé au Futuroscope où Yoyo faisait le clown pour distraire la foule dans la file d'attente de certaines attractions, puis qui ont continué par le triste Ouradour-sur-Glane, une usine de porcelaine, Thiers et son musée de la coutellerie (en fait non parce qu'il était fermé), et qui ont fini à Aubusson avec sa manufacture de tapisserie.

2. Les vacances d'été avec Maman se font à Serre-Chevalier plutôt qu'à Ste Maxime. Nous achetons des lunettes protectrices pour regarder l'éclipse solaire et nous demandons si c'est vraiment la veille de l'apocalypse prévue par Nostradamus. Yoyo se passionne de tenniset joue presque tous les jours de l'été. Je m'y tente pour la 1ère fois et me prend une bonne raclée tant en terme de score que physiquement, m'étant fichue toute seule un coup de raquette dans le nez. Quand elle est pas au tennis, nous faisons du cheval, du VTT, du bowling, du badminton, et des randonnées.

3. On ajoute Hartley coeur à vif à nos séries télé, Péril Jeune à nos films cultes, et Kent à nos chanteurs/groupes de musique.

4. Yoyo a sa première relation amoureuse sérieuse avec un garçon un peu plus jeune qu'elle. Elle n'avouera son histoire à Maman qu'un mois plus tard.

2000

Au printemps, Papa lui offre un harmonica qui ne la quittera plus. Elle tente de reproduire les mélodies de Bryan Adams et Jim Morrison. Alors que ma prépa Véto me tue et que j'alterne entre le Cours Vitton (où Papa est domicilié) et Ste Foy, Yoyo poursuit son année de 1ère L assidûment tout en voguant sur les eaux calmes de son nouvel amour. Les révisions de l'oral blanc du bac de français, en revanche, sont interrompues par les ennemis de Yoyo: les insectes. Laissez-moi vous raconter cette petite histoire pas piquée des hannetons (ah j'ai même pas fait exprès). Yoyo voyant la quantité de texte à réviser, panique. Elle prend chaud, ouvre son oeil-de-boeuf et remarque la présence de quelques fourmis sur son mur. Elle s'arme alors de l’aspirateur pour s’en

débarasser jusqu'à ce qu'elle s’aperçoive que l’origine de cette intrusion est l’installation éclair d’une véritable fourmilière à son oeil-de-boeuf, à l’endroit exact (un trou) où elle avait récemment observé une abeille rentrer. Crise de stress. Elle appelle son bien-aimé et se calme. Toutefois, de peur qu’elles ne bouffent le joint de l’oeil-de-boeuf et qu’elles envahissent sa chambre, elle dort dans ma piaule. Le lendemain, en replaçant la chauffeuse dans sa chambre, elle remarque que les fourmis ont disparu, comme par magie, comme si rien ne s’était passé. Plus une seule fourmi alors que la veille au soir, ça grouillait noir.

​

Malheureusement, la barque a fini par chavirer. Yoyo a mis un point final à sa relation, leurs priorités différant. Les larmes ont coulé abondamment ce week-end-là. Je me rappelle que pour se distraire et se sentir moins seule, Yoyo avait travaillé dans ma chambre, à mon bureau, et qu'elle alternait entre rires et pleurs. Le monde ne s'est pas arrêté pour autant. Yoyo décide de partir vivre un an en Allemagne après son Bac. En attendant, le bac de français est dans la poche et elle fait une exposition de dessins. Nous faisons la découverte de Rag Foundation, un groupe de musique Gallois dont on achète le CD sur lequel ils acceptent de signer un autographe en nous remerciant de notre soutien. Pour rester dans l'esprit britannique, Yoyo me fait découvrir le pub St James au vieux-Lyon. Nous nous tapons aussi la finale de Roland-Garros (Norman contre Kuerten, même s'ils ne sont pas ses favoris). Bizarrement, je crois que de tous les lieux où nous avons suivi une coupe internationale de tennis, la chambre du cours Vitton chez Papa fut notre préférés, assises en tailleur ou allongées à même le parquet devant notre toute petite télévision.

​

Malgré un succès renouvelé avec la gente masculine (Renaud et Jérémy par exemple), Yoyo est complexée par l'acné et sa poitrine qu'elle souhaiterait moins envahissante. À La Norma, c'est tennis à fond, mais c'est aussi les grandes copinades avec Célia chez qui on se tentera une nuit blanche sans succès, les tours de mobylette avec David, le baptême de parapente, une soirée camping avec les copains, et les flèches de Cupidon auront touché Fabien qu'elle embrassera pour la première fois sur Everybody Hurts de R.E.M. alors que je baisse moi-même la garde avec un nouveau que Yoyo et Sésé surnomment méchamment Groënland et Dragon Ball Z. À Ste Maxime, Yoyo va nous chercher les croissants, une course qu'elle faisait aussi de temps en temps à Ste Foy pour nous faire plaisir. Mais sous ses airs généreux, Yoyo se rebelle. Elle se fait la malle discrètement lors d'une soirée à l'extérieur et on ne la retrouvera que de retour à l'appart. 

​

En Septembre, nous sommes invitées à un gros repas d’anniversaire pour le frère de Papi et la soeur de Mamie. L’arrière grand-mère, que nous n'avons as vu depuis des lustres, est là ainsi que les cousins éloignés (Romain, Julie...). Yoyo était pompette et avait rigolé à gorge déployée avec Romain. Plus tard le même mois, Yoyo apprend une nouvelle plutôt traumatisante: une de ses copines de classe a tenté de se suicider. Elle m'avait déjà raconté que sa class comptait quelques gens à problèmes (anorexique, schizophrène, drogués, et une fille qui ne souriait ni ne parlait), mais ça n'en rendait pas cette nouvelle moins perturbante.

​

Septembre, c'est aussi le début de la Terminale qu'elle passe entre le Vieux-Lyon (où elle fait la brève rencontre d'un Australien), des cours de dessin à Tassin, et ses bouquins de classe. Pour ses 17 ans, Papa lui offre un synthétiseur qu'elle explore de suite. Et trois mois plus tard, nous inventons une chanson reggae, elle au synthé, moi à la guitare.

2001

L'année démarre sous des auspices paranormales. Bien que Yoyo ait déjà une histoire longue avec les fantômes, nous visionnons "Sixième Sens" chez Papa où nous entendons des bruits étranges (l'immeuble en bois est vieux et craque facilement bien entendu) et quelques jours plus tard, Yoyo se réveille une nuit brutalement et en pleurs, persuadée d’avoir entendu et senti des morts. Heureusement, d'autres films au ciné suivront qui seront plus comiques... enfin pas tous... par exemple, "Christina's house" était assez glauque et impliquait aussi la mort. En plus des films, nous prenons l'habitude de regarder "C'est mon choix" à la télé et nous nous moquons de maman dont l'émission tire régulièrement des larmes. 

La famille s'agrandit cette année avec le 6 Mars la naissance d'un petit frère, Christophe, que l'on surnomme Titou. Alors que Sésé est aux US, Yoyo travaille à fond son bac blanc puis le bac final qu'elle réussit avec mention Assez Bien, malgré un 3/20 au bac de français l'année dernière... un bac littéraire qui inclut anglais, italien, et allemand renforcé. Pendant cette année de terminale, Yoyo se fait d'un pianiste, rencontré je ne sais comment, un ami. Tout le monde lui dit qu’il lui court après mais elle ne nous croit pas. Je me suis toujours demandée si elle était trop naïve ou si elle ne voulait pas y croire mais en était consciente. En attendant, elle passait pas mal de temps avec lui, et de temps à autre en oubliait l'heure de rentrer pour le repas. Toutefois, quelques mois plus tard, il lui déclarera ses sentiments et elle coupera les ponts net.

 

Sylvain (notre cousin), Yoyo et moi nous sommes faits un resto de fin d'année et je ne peux résister de vous décrire la soirée ça la représente tout à fait. “Après quelques minutes de marche et d’inspection, nous choisissons un resto: Les Ventres Jaunes (Place St Jean). Pure coïncidence, nous commandons tous trois excatement la même chose. En rigolant, le serveur suggère à Yoyo d'écrire notre commande sur le papier. Une fois l'entrée terminée, le serveur récupère nos assiettes. Yoyo en avait laissé et il s'assure qu'elle  bien terminé. Elle lui suggère alors de le lui ramener au moment du dessert. Quand les bavettes sont servies, Yoyo demande du ketchup. Le serveur la charie et elle s’exclame “T’arrête… Oh pardon!” réalisant trop tard qu'elle a osé le tutoyer. C'est sa magie, son charme naturel... Plus tard, le serveur énumère les desserts du jour, y compris l’île flottante. Oriane s’exclame alors qu’elle veut des “oeufs à la neige”. Se moquant de l’expression utilisée, le serveur, quand il liste les desserts à la table voisine, insiste bien sur “oeufs à la neige” en nous regardant. Les îles flottantes arrivent, mais pas toutes seules... le serveur rapporte le melon entamé. Ah il ne l'a pas loupée! Un peu plus tard, le serveur demande à Yoyo et Sylvain qui ont laissé leur crème anglaise ne l’aimant pas, si nous y travaillons toujours. Oriane répond que oui, ce sur quoi il lui propose une paille pour finir. Elle réplique qu'elle en serait capable. La prenant au mot, il revient donc avec une paille. Dommage, maintenant, Sylvain et Yoyo se sentent obligés de finir. En revanche, quand le serveur vient nous demander si on désire un café, il remarque que Yoyo n'a pas plus touché a son melon. Il lui montre alors comment râcler et il approche la cuiller de sa bouche en disant: “une cuiller pour maman…”. Pour ce qui est du café, Oriane propose qu’il nous l’offre. Il lui répond: “Attendez, je vais vous avoir sur ce coup-là”. On prend un peu peur et on tente d'imaginer ce qu'il va à présent nous ramener: des grains de café, une cafetière vide… quoi? Non, pas du tout. Il arrive avec une bouteille et trois petits verres. La bouteille, c’est de la gnôle. Il nous en sert à tous. On boit. Mon Dieu que je n'aime pas ce goût immonde, cette odeur forte, et cette impression que ça vous brûle la gorge. On paye l’addition en lui laissant un pourboire. Après tout, il nous a offert un verre et est entré dans notre délire, c’est appréciable. Nous avions prévu de prendre le bus de 22h50, mais l'ayant loupé, il nous faut attendre celui de minuit. Pour passer le temps, on s'inventait des histoires. Par exemple, on imaginait se faire ramener en hélico mais le jardin est un peu petit pour attérir. Un type qui nous écoutait, réagit: “Comment ça, il est petit? Vérifiez-le avant de dire ça, sinon, moi, je lui coupe la fesse”. Pas rassurés, on décampe aussitôt. Yoyo et moi avons envie de faire pipi et il faut croire que nous nous exprimions un peu fort parce qu’à 50 m du Quick dont les toilettes s’ouvrent avec un code, un autre type qui nous a couru après nous donne sa note au bas de laquelle était noté le code des WCs. C’est incroyable quand même tout ça.” 

 

Bon on en était où avec tout ça? Yoyo, égale à elle-même, perd ses lunettes ainsi que ses bouquins de philo et d’histoire le jour où qu’elle devait les rendre. Résultat: modique amende de 200 Fr (Eh oui, c'était pas encore l'ère de l'Euro). Malgré ce défaut, elle excelle en tous points. Je l'admire et la jalouse. Un bac mieux réussi tant par les notes que par les appréciations. Succès dans le dessin avec des expos tous les ans. Des progrès rapides à l’harmonica alors qu’en 5 ans, j’ai pas progressé à la guitare. Du talent dans la poésie souligné par les copines. Largement appréciée socialement et un charme naturel irrésistible. 

​

Du changement dans les destinations de vacance: Juillet à Zermatt (Suisse) pour raviver des souvenirs d'enfance à la Wega (magasin de souvenirs pour les adultes et jeux pour les enfants), des odeurs de foin et de bois dans les promenades, etc. Août à Fréjus-St. Raphaël, chez la maman de Catherine. Yoyo, Sésé et moi partageons une chambre à l'écart. Du coup, vive la télé et les papotes jusqu'à pas d'heure. C'est surprenant d'ailleurs ce qu'on peut trouver à la télé aux heures avancées de la nuit... Et puis à 2 mois de ses 18 ans , elle s'aprête à vivre une grande aventure: un an en Allemagne! Obtenir un bac L avec Mention Assez Bien ne lui suffisait apparemment pas, il lui faillait maintenant chercher le diplôme équivalent allemand. Un an d'immersion dans une famille d'acceuil à Goch: les Van Elten, trois enfants sous leurs toits à l'époque: Martin le plus jeune, Anne, et Chris du même âge. De là, toutes les nouvelles se feront par courrier (ou email). Le téléphone est interdit même le jour de Noël! 

​

On apprend d'abord que le jour de transition avec l'organisation PIE s'est déroulé avec succès. Yoyo s'est fabriquée un groupe de musique avec d'autres étudiants en échange; elle à l'harmonica. Ils se sont présentés devant un public de 100 personnes qui ont applaudi. L'arrivée en Allemagne, en revanche, est une autre paire de manches. Elle perd le Nord et ses bagages, et les Van Elten sont en retard de 30 min. L'ambiance est froide le premier jour, mais au bout de quelques semaines, son charme opère, et Chris se détend. Ils écoutent ensemble de la musique et échangent des fous rires et de grandes discussions. Elle s'adapte doucement au rythme (aucun cours l'après-midi et pas de devoirs), y compris les horaires étranges de repas, sans parler des menus (pain et yaourt au dîner par exemple). Au dessin, elle apprend la technique de l'aquarelle. Elle s'est dégotée un petit boulot de traductrice à raison d’une demi-heure une à deux fois par semaine, pour se faire un petit pécule car l'argent devient une grande source de stress. PIE nous appelle même pour nous informer qu'elle en manque au point de courir les rues sans veste chaude jusqu'à fin novembre. 

​

Ses lettres sont aussi expressives et détaillées que dans la réalité. Par exemple, elle me raconte une fois que ses règles ne sentent pas trop la grenouille mais le pipi sent le miel pops. Elle y plante quelques unes de nos expressions réflexes comme quand elle commente sa visite de la Hollande où le cannabis est très présent comme "comme le plafond Ania" ou comme quand elle m'annonce qu'il est 19h pile poil s'amusant de cette expression étrange qui n’a rien à voir ni avec les piles, ni avec les poils. Elle passe aussi du temps à illustrer ses lettres de dessins ou elle y colle des autocollants. Pour économiser des envelopes, elle passait du temps à en créer à partir de feuilles de magazines appropriées comme une page de concert de Muse pour moi. D'ailleurs, ses goûts musicaux changent un peu. Elle intègre à son répertoire Muse (particulièrement les chansons Unintended, Escape et Showbiz) mais aussi Weezer, System of a Down, Nickleback (qu'elle espère voir en Mai à un festival rock avec Chris) et Incubus.  Elle aime toujours le Punk cela dit.

​

La grande nouvelle cette année m'arrive par missive "ultra-confidentielle" le 8 novembre:  Christian et elle sont fou amoureux (il lui a déclaré sa flamme par lettre le jour de ses 18 ans) et sortent ensemble en cachette car des relations amoureuses entre frères et soeurs d’accueil sont interdites. Elle pourrait être obligée de changer de famille. Toutefois, les parents d'accueil finissent par donner leur bénédiction à la fin du mois, alors que Yoyo n'avouera sa relation que le jour de Noël par téléphone quand maman appelle l'Allemagne. La passion les consume et quelques jours plus tard, ils nous annoncent la nouvelle choc: ils ont décidé de se fiancer en mars. Le seul point qui ternit cette fin d'année, c'est la nouvelle que Carole, l'une des meilleures amies de Yoyo, a une amie anorexique (1.75 m  et 32 kg) qui va sortir de l’hôpital mais est interdite de vivre avec ses parents ou tout capotera. Il me semble que c'est aussi en 2001 que Fanny, notre cousine, commence à s'empêtrer dans ce cercle vicieux infernal. 

2002

L'hiver est rude et l'année démarre dans la déprime chez les Van Elten. Yoyo tient de bout mais a le mal du pays. Elle continue de m'écrire et elle correspond avec ses profs d'italien et d'allemand du lycée. Elle écrit à Papa pour prendre ma défense sur un commentaire que j'ai confié aux grands-parents. Elle ne supporte pas qu'on s'attaque à ses soeurs... sauf que dans la colère, les choses s'enveniment, sans compter que les mots écrits sont souvent mal interprétés. La distance exacerbe la tristesse et le besoin du trio s'amplifie. Et puis plus de nouvelles. Alors elle culpabilise, elle regrette. Elle m'écrit "j'ai peur que toute la famille me déteste, j’ai peur qu’on me considère comme un monstre, j’ai peur que vous ne m’aimiez plus. Je suis tellement égoïste. Je

1991

m’en veux. Si papa pleure ou quoi que ce soit, vous n’avez qu’à me critiquer". Je tiens à préciser qu'en documentant cette période, je ne lance la pierre à personne. En trifouillant dans mes papiers, j'ai retrouvé ses mots qui ont résonné en moi parce que 10 ans plus tard, ce sont les mêmes qu'elle utilisera pour se décrire: égoïste, monstre, peur de ne plus être aimée. Pourtant, tous autant que nous sommes, en 2002, avant ou plus tard, on l'a toujours aimé notre Yoyo. Faut dire que le père d'accueil n'aide en rien. Il ne fait que lui répéter qu'elle est bête, inculte et sans intérêt, ne fait rien de bien, qu'elle ne leur cause que du stress (alors qu'elle aide plus que n'importe qui dans cette famille). 

​

C'est une année noire. Une copine allemande de Yoyo est suicidaire et s'auto-mutile. Heureusement, il y a des évènements comme le carnaval pour lequel elle s'est déguisée en mousquetaire, une Saint Valentin romantique, et un festival de rock à Bonn pour égayer tout ça. Elle ponctue ses lettres de petits noms sortis de son chapeau de magicienne: vieille quenouille, chou-fleur qui flotte, petit pois, oeuf de lompe, petite carrotte, petite pomme de terre, betterave des broussailles fleuries, petite quequette, p’tit dino, mon oeuf sur son île flottante, mon petit caramel moelleux, petit edelweiss des forêts lyonnaises, trou d’bal des catacombes forestières, et les plus communs birkinafasso, ninoun, virginoun et didoun. Elle visite Berlin dont le mur l'a ému.

​

En ce début d'année, Yoyo fait un stage chez un sculpteur de pierres tombales. Intéressant mais exténuant. La galère financière continue et Yoyo est pas peu fière quand elle peut m'annoncer qu'elle a réussi à économiser 200 euros en donnant quelques cours de soutien de français. Faut dire qu'à l'époque, elle avait une tendance à la fièvre dépensière. Cela dit, son pécule ne suffira pas à financer ses plans et les fiançailles sont reportées à fin Mai. Elle poursuit les aquarelles mais se lance également dans de nouvelles techniques comme l'acrylique et elle prend des cours de nu. Elle parle aussi de vendre un tableau pour 300 euros à une amatrice d'art. Elle réféchit à peut-être préparer le concours de Beaux-Arts et participer au concours Goethe qui consiste à écrire une histoire de 5 pages en allemand. Elle ne se fait pas d'illusions mais a envie de se lancer un petit défi pour elle=même. Le répertoire musical ne cesse de s'élargir avec les Strokes, Yell, et Arid.

​

En juin, Yoyo a un accident. Une voiture l'a percutée. Direction l’hôpital. Heureusement, que quelques égratignures à reporter. C’était comme dans un film, dit-elle. Elle n’a jamais eu aussi peur. Elle était sur son vélo déjà un peu amoché et elle roulait tranquillement ("pom pom pom pom") et quand elle voulut tourner, une voiture arriva à toute vitesse et freina trop tard. Yoyo a lâché le vélo, roulé sur la voiture violemment pour retomber sur le sol à côté du vélo. Le docteur a dit que sa tension était trop faible, ce qui avait dû ralentir ses réflexes. Yoyo, on la décrit comme quelqu’un qui aime la vie, qui la savoure à la carpe diem en prenant des risques, sans mesure de la réalité, juste vivre, vivre pour l’art; mais elle réalise que cette philosophie peut être dangereuse car parfois elle prend la vie comme un jeu et oublie d’en mesurer les conséquences. Elle explique qu'elle vit ainsi pour ne pas avoir à penser à l’avenir qui lui fait trop peur.

​

Le retour de Yoyo coïncidait avec mes oraux d'école Véto. Du coup, petit voyage à Paris pour faire d'une pierre deux coups. Je me souviens qu'on partageait une suite à l’Ibis et Yoyo me parlait en allemand sans s’en rendre compte. L'immersion a eu de ça de bon qu'elle était complètement bilingue. Yoyo nous a montré son livre d'or dans lequel chaque page était illustrée de la photo d'une personne rencontrée là-bas et d'un mot que cette personne lui avait écrit.

 

En Juillet, petites vacances à Tossa de Mar, à 1h30 de Barcelone en Espagne. J'ai des souvenirs limités mais nous étions allés à Barcelone voir la Sagrada familia et des maisons Gaudi. Ça sentait bon l'huile d'olive dans les chaumières. 

​

Et puis à la rentrée, Yoyo a commencé une licence d'allemand à l'Université Lumière Lyon 2. Avide de langues, elle n'est pas limitée à l'allemand. Elle a appris un peu de la langue des signes, de l'islandais et du danois. Elle obtiendra une bourse D.A.A.D pour un semestre à l'Université de Göttingen. Pour le reste de l'année, mes souvenirs et mes notes sont beaucoup plus ajourés.

© 2015 by Virginie Rolland.

Proudly created with Wix.com
 

  • w-facebook
  • w-flickr
  • Twitter Clean
bottom of page